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Commentaire Règle de saint Benoît Prologue 3

3 Maintenant, c’est donc à toi que je parle, à toi, c’est-à-dire à tout homme (quisquis) qui renonce à faire sa volonté égoïste et qui prend les armes très fortes et belles de l’obéissance pour combattre sous les ordres du Christ, le vrai Roi, notre Seigneur.

         Ce verset 3 s’adresse à chacun de nous (qui que tu sois). La Règle, la vie monastique bénédictine ne s’adresse donc pas à une élite mais au tout-venant, à n’importe qui, donc à moi aussi. Il ne faudra donc pas s’étonner de retrouver au monastère le tout-venant, le microcosme de l’humanité, non pas des gens triés au volet en fonction de critères intellectuels, sociaux ou nationaux, mais la même diversité que dans le monde. 

         À deux reprises, Benoit emploie ce terme de « qui que tu sois » (quisquis)dans sa Règle : ici, au Prologue, et tout à la fin, au chapitre 73, lorsqu’il écrira : « Qui que tu sois qui te hâtes vers la patrie céleste, pratique jusqu’au bout, avec l’aide du Christ, cette tout petite Règle pour débutants ».

         Au verset 3 du Prologue, Benoît nous dit que la seule solution pour vivre ensemble dans nos diversités, c’est de renoncer à nos volontés propres, c’est-à-dire d’obéir non pas à nous-mêmes mais au Christ. L’obéissance est une arme très forte et très belle, plus forte et plus belle que celles que construisent les hommes pour s’entredétruire et s’entretuer lorsqu’ils n’acceptent pas leurs différences et sont incapables de vivre avec ceux qui sont différents.

         C’est en obéissant au Christ plutôt qu’à nous-mêmes que nous devenons capables de nous aimer dans nos différences et que nous faisons l’expérience que le vrai Seigneur et le vrai Roi, ce n’est pas moi, ni mes idées, ni mon peuple d’origine, ni mon leader politique, mais le Christ ; le peuple véritable auquel j’appartiens vraiment ce sont les frères de ma communauté.

         Sans obéissance, il n’y pas de communauté, il n’y a qu’une juxtaposition de quisquis, d’individualités.

         Avec l’obéissance au Christ et le renoncement au caractère absolu de mes idées, il y a une communauté qui apparaît, c’est-à-dire un peuple de frères.