4 juillet 2024.
12 Ne pas rechercher les plaisirs.
Voilà un instrument délicat à commenter. Nous ne pouvons pas faire fi de toutes les connotations dont est marqué ce mot plaisir, négatives ou positives, restrictives ou excessives.
La vie est bonne et c’est un plaisir de l’éprouver. C’est un plaisir de la goûter en toutes ses manifestations telles que nos sens les reçoivent. Plaisir de voir les merveilles de la nature, la beauté des êtres. Plaisir de goûter les bons plats. Plaisir d’entendre une musique, le silence. Plaisir de sentir, de toucher.
La vie bonne nous rejoint et c’est un plaisir de l’accueillir et de la recevoir. Souvent même, nous manquons ou nous passons à côté de ces plaisirs là tout simples parce que nous ne vivons qu’au rythme de nos soucis ou de nos projets. Le plaisir est la marque d’une certaine harmonie réussie entre nous et la vie bonne, entre nous et les personnes que nous côtoyons, entre nous et Dieu. Le plaisir est alors là offert, donné par une sorte d’adéquation à la vie, aux autres et à Dieu. Moment de joie, espace de plénitude dont il est heureux de garder mémoire.
Si ces moments ou ces espaces sont désirables, faut-il s’y accrocher ? Faut-il les rechercher comme pour mieux les retenir ? Le plaisir éprouvé restera toujours limité et le déplaisir peut rapidement lui succéder au gré des situations ou des relations qui viennent nous bousculer.
Le plaisir est limité car il appartient au registre de la gratuité et de l’échange de don. Ce qui est don est donné et ne se retient pas.
En ce sens, le plaisir s’oppose à la puissance qui voudrait être sans limite. La puissance veut posséder et demeurer à jamais dans la possession du plaisir.
Les psychanalystes montrent que loin de confondre plaisir et jouissance, comme on le fait fréquemment, il faut les opposer dans nos vies humaines.
Le plaisir porte en lui une limite qui est inhérente à la vie bonne. Il introduit dans une juste et heureuse relation, alors que la jouissance cherche la fusion voire la captation des choses, des êtres. Ce qui n’est pas possible.
Ne pas rechercher les plaisirs, dit Benoit. On pourrait comprendre : ne pas rechercher la jouissance et goûter les plaisirs simples de la vie bonne, goûter la vie avec les autres, goûter la vie avec Dieu. Le plaisir donné et rendu est une action de grâces en toutes choses.
Commentaire RB 4, 48