26 juin 2024.
1 Chaque fois qu’il y a des choses importantes à discuter dans le monastère, l’abbé réunit toute la communauté. Il présente lui-même l’affaire.
2 Il écoute les avis des frères. Ensuite il réfléchit seul. Puis il fait ce qu’il juge le plus utile.
Benoît a sinon inventé le Chapitre conventuel, du moins l’a fortement promu et toutes les Congrégations vont ensuite adopter.
Dans ces deux premiers versets est condensé l’essentiel de la Tradition monastique bénédictine sur les décisions communautaires.
Au verset 1.
- Le chapitre conventuel n’est pas convoqué par l’abbé pour des détails de la vie communautaire qui doivent être réglés par l’abbé, par le cellérier, par les chefs d’emploi ou par le Conseil. Tout ne se décide pas en communauté car, à force de banaliser la parole, on risque de la tuer et de bloquer la vie de la communauté. Le chapitre conventuel est donc convoqué pour les choses importantes à discuter.
- Il s’agit de « discuter », c’est-à-dire que chacun (dans la mesure où il a un avis sur la question) doit donner son point de vue. Personne n’a le droit (en conscience) de se taire à cause de la pression du groupe ou de la peur du groupe qui aurait un avis contraire au sien.
- C’est l’abbé qui fixe l’ordre du jour. Pendant le chapitre conventuel, un frère n’a pas à demander que l’on change l’ordre du jour. Il peut proposer (et même, il doit proposer) à l’abbé un sujet à débattre en communauté, mais avant le chapitre conventuel.
Verset 2.
- L’abbé écoute les frères.
Mis à part les rares cas prévus par nos Constitutions (ventes, achats importants, accueil d’un frère à la profession, etc.), il n’y a pas de vote lors d’un chapitre conventuel, mais seulement une expression libre des frères qui aide l’abbé à se forger un jugement.
Parfois, lorsque l’abbé ne voit pas clairement la position de la communauté, il peut demander un vote consultatif pour recueillir plus clairement le sentiment de la communauté surtout lorsque les frères ne disent pas clairement ce qu’ils pensent. Ceci dit, il ne faut pas abuser des votes, il est préférable que les frères s’engagent dans la parole (c’est vraiment ce que demande la Règle qui ne parle pas de vote).
2) L’abbé réfléchit seul.
S’il n’a pas écouté les frères ou bien si les frères n’ont pas eu le courage de donner leur point de vue personnel, l’abbé ne peut pas réfléchir et sa décision est difficile à prendre.
Après avoir écouté les frères, pour prendre sa décision, il doit essayer de répondre à quelques questions :
- Y a-t-il un consensus communautaire ou la communauté est-elle divisée ?
- Les quelques frères qui ne sont pas favorables au projet sont-ils capables spirituellement et humainement d’accepter la décision dans la paix ou cela risque-t-il de diviser la communauté ?
- Le monastère a-t-il les moyens financiers et humains de réaliser le désir de la communauté ?
- Le désir de la communauté va-t-il aider la communauté à grandir à long terme sur le plan spirituel et monastique, sur le plan de son unité, sur le plan économique et intellectuel ?
- Le vœu de la communauté (qui est peut-être bon) est-il mûr ou prématuré ?
- Cette décision va-t-elle occasionner un apaisement ou un surmenage supplémentaire ? Si elle doit entrainer un surmenage, le bien visé est-il vraiment à la hauteur pour motiver ce surcroit de fatigue ?
3) L’abbé décide et fait ce qu’il juge le plus utile.
29 novembre