16 février 2025.
Commentaire RB 68, 4-5
4 Si, après ces remarques, le supérieur continue à commander les mêmes choses, alors le frère doit le savoir : il est bon pour lui de faire la chose qu’on lui ordonne.
5 Et, par amour, confiant dans l’aide de Dieu, il obéira.
Pour comprendre ce chapitre il faut se rappeler que, pour Benoît, l’essentiel de l’obéissance, y compris celle de l’abbé, est de se conformer à la volonté de Dieu.
Toutes les médiations et toutes les structures d’autorité et d’obéissance au sein de la communauté monastique n’ont aucun autre but que de rechercher et de découvrir ensemble ce qui est conforme aux plans de Dieu dans telle et telle circonstance.
Benoît prévoit qu’il peut arriver que l’abbé, qui a pour tâche d’animer la recherche communautaire, puisse demander à un frère d’accomplir au sein de la communauté une tâche que le frère ne se sent pas capable d’accomplir. Que faire alors ? Entrer en dialogue, c’est-à-dire confronter les deux perceptions de la volonté divine pour arriver si possible à la même vision et la même conviction. Cela suppose de part et d’autre une attitude d’écoute – d’écoute de Dieu d’abord, d’écoute mutuelle ensuite. Benoît décrit en ce chapitre ce que doit être dans une telle situation l’attitude du moine.
Tout ceci implique que le supérieur écoute avec un esprit et un cœur ouvert et intègre ce qui lui est dit comme un élément complémentaire dans sa recherche de la volonté de Dieu sur la communauté et sur le moine en question. Si, ayant tout pris en considération, il maintient son ordre (à tort ou à raison), Benoît invite le moine à obéir « par amour, confiant dans le secours de Dieu. » Une telle obéissance peut amener quelqu’un à des résultats inespérés. Elle peut l’amener à transcender dans la foi les limites de ses forces, et découvrir en lui-même des capacités qu’il ignorait ou dont il doutait.
Dans ce petit chapitre Benoît, s’inspirant d’Augustin, se séparant de Cassien et allant bien au-delà de Basile, montre une fois de plus une grande humanité en même temps qu’une grande sagesse.
Surtout, il situe l’obéissance monastique au niveau d’une recherche commune de la volonté de Dieu, qui doit se faire dans le dialogue. Si les points de vue demeurent différents, l’un a la responsabilité de décider et l’autre celle d’obéir, mais la situation normale est d’arriver à la même vision de ce que Dieu veut, non seulement en adoptant de part et d’autre une attitude de foi, mais en respectant aussi les lois de la psychologie humaine.
30 août