13 octobre 2024.
Commentaire de RB 31, 12-14
12 Il ne sera pas avare. Il ne sera pas non plus dépensier et il ne gaspillera pas les biens du monastère. Mais il fera tout avec mesure, en suivant les ordres de l’abbé.
13 Avant tout, il sera humble. Et quand il ne peut pas satisfaire quelqu’un, il lui répondra aimablement.
14 En effet, la Bible dit : « Une parole aimable vaut mieux que tous les cadeaux » (Si 18, 17).
Au verset 12, Benoît donne deux critères pour évaluer les dispositions intérieures du cellérier (l’économe) : « qu’il ne soit ni avare, ni dépensier ».
Le vice de l’avarice peut-être une tentation pour celui qui administre les biens du monastère. On se souvient de saint Paul en 1 Tim 6,10 : « la racine de tous les vices, c’est l’amour de l’argent ». La tradition monastique montre souvent que seul le moine honnête lutte contre l’avarice. Il y a comme une incompatibilité entre l’avarice et l’honnêteté.
L’autre vice, c’est le gaspillage, la gestion irresponsable du bien commun. Saint Ambroise écrit : « l’Écriture ne nous enseigne pas la prodigalité (allusion ici au fils prodigue qui dilapide son héritage), mais la libéralité (c’est-à-dire la générosité). Benoît reprend ici le terme latin qui traduit la prodigalité du fils prodigue… là aussi, cette attitude n’est pas celle de l’homme honnête ; le cellérier qui agit ainsi s’en prend aux biens des frères et peut aller jusqu’à ruiner le monastère.
L’attitude que préconise Benoît pour le cellérier, c’est celle qu’il recommande sans cesse à l’abbé : la juste mesure qui est pour lui l’attitude intelligente et honnête.
La spiritualité que Benoît propose au cellérier tant pour les choses que pour les frères, c’est la mesure qui permet au cellérier de veiller au bien des frères et d’éviter la dureté qui accompagne l’avarice.
Au verset 13, il demande au cellérier l’humilité ; « avant tout », c’est-à-dire que cela est le plus important, la qualité principale du cellérier, c’est incontournable.
Si le cellérier n’a rien à donner et qu’il n’est pas humble, il va se montrer dur par un refus brutal. S’il est humble, il pourra toujours donner une bonne parole au frère.
Il cite le Siracide au chapitre 18 : « Une parole aimable vaut mieux que le don le meilleur ». On se souvient aussi de saint Paul qui écrit : « De votre bouche ne doit sortir aucun mauvais propos, mais plutôt toute bonne parole capable d’édifier, quand il le faut, et de faire du bien à ceux qui l’entendent » (Ep 4,29). Saint Augustin, dans une très belle formule latine écrit à son tour : « Si tu peux donner, donne ; si tu ne peux pas donner, au moins sois aimable ».
Les Pères de l’Église en général, le rappellent souvent : il est possible de faire du bien avec peu de moyens et, faute de moyens, tu peux faire le bien avec une parole de consolation et d’amitié.
Nous sommes souvent sollicités, n’oublions jamais cet enseignement chaque fois qu’un frère nous demande un service ou qu’un pauvre vient frapper à la porte du monastère.
6 août