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Commentaire RB 4, 1-2

30 juin 2024.

1 Avant tout, aimer le Seigneur Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces » (Mc 12, 30).

2 Puis, le prochain comme soi-même. (Mc 12, 31 ; Lc 10, 27).

Dans les règles monastiques se trouvent souvent des listes de préceptes, comme c’est le cas dans la Règle de saint Benoît.

Parfois, avant d’énoncer la liste des préceptes, les auteurs placent le Credo, suivi du double commandement de l’amour ; suit alors le décalogue et une longue liste de préceptes. Benoît, dans sa Règle, supprime la confession trinitaire, mais conserve le double commandement de l’amour (RB 4, 1‑2).

L’association de la profession de foi trinitaire et l’énumération des commandements qui décrivent la conduite du chrétien ou du moine est magnifique : après avoir affirmé qu’il faut croire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, le précepte du Décalogue “l’aimer de tout son cœur, de toute son âme” est présenté comme une conséquence de la foi en Dieu Père, Fils et Saint Esprit.

C’est théologiquement simple et fort de resituer l’amour de Dieu dans la foi au mystère trinitaire.

Dans la Règle de saint Benoît, comme dans le Décalogue, les deux premiers commandements “aimer Dieu et aimer son prochain” se trouvent comme un prélude ou un porche, avant que ne commence la liste de valeurs universelles qui s’ouvre par le commandement de Dieu : “Tu ne tueras pas”. 

La liste de ces nombreux instruments de la vie spirituelle qui constituent le chapitre 4 de la Règle avait certainement à l’origine une existence indépendante au monde monastique. Elle appartenait vraisemblablement à un diocèse.

On ne peut qu’être étonné par la ressemblance entre ce chapitre de la RB et les têtes de chapitre du troisième Livre des Témoignages de saint Cyprien, évêque de Carthage en Afrique du Nord.

Le fait que Benoît reprenne les titres de chapitre d’un Livre de Cyprien, donne à penser que des listes d’instruments circulaient dans les Églises et dans les monastères, et, que des laïcs comme des moines s’en emparaient et les utilisaient ; elles constituaient des directives générales rassemblées en un ensemble cohérent de la vie chrétienne.

Les auteurs monastiques, pour montrer que la Loi est une réponse de foi au double commandement de l’amour, n’hésitent donc pas à adapter ces listes en fonction de leurs situations et de leurs cultures (nous avons ainsi des listes très anciennes d’instruments des bonnes œuvres pour les forgerons, les commerçants, les artisans, les époux, les évêques, les rois, etc.).

Elles sont souvent constituées par un ensemble de maximes puisées dans les Écritures ; dans notre chapitre 4, les aspects les plus spécifiquement monastiques qui y ont été introduits sont rares et secondaires. Pour aimer Dieu et son prochain, le moine, cerné par toutes les situations de l’existence chrétienne, a besoin de recevoir ces listes qui existent dans les Églises et qui balisent le chemin du chrétien dans le monde. Ce chapitre nous montre qu’un moine est avant tout un homme, un chrétien, dont la foi est soumise aux mêmes tentations et aux mêmes combats.

N’ayons pas peur, n’ayons même pas honte de nos tentations car la tentation n’est pas le péché. Les tentations nous montrent et nous rappellent que nous sommes des hommes normaux et que pour nous en sortir, nous avons besoin de nous accrocher à l’amour du Christ comme à un rocher.