14 juin 2024.
3 La deuxième sorte de moines est celle des anachorètes, c’est-à-dire des ermites. Ces moines ne sont plus des débutants dans la première ferveur de leur vie religieuse. Mais, au monastère, on les a éprouvés longtemps
4 et, avec l’aide de beaucoup d’autres, ils ont appris à lutter contre l’esprit du mal.
5 Maintenant ils sont bien entraînés au combat. Alors ils peuvent laisser leurs frères d’armes pour aller lutter seuls dans le désert. Ils sont assez forts. Ils n’ont plus besoin du secours des autres. Dieu les aide. C’est pourquoi ils sont capables de lutter avec leurs seules forces contre les tentations qui viennent du corps et des pensées.
Il faut tout d’abord remarquer qu’érémitisme et cénobitisme ont toujours existé tout au long de l’histoire du monachisme.
Saint Benoît exprime bien la tradition qu’il a reçu, lorsqu’au début de sa Règle, il écrit pour des moines vivant en communauté, il fait une brève allusion à la vie érémitique – une allusion qui exprime un grand respect pour ce genre de vie, mais aussi la conviction qu’il s’agit d’un au-delà du cénobitisme, pour quelques personnes, et donc toujours d’une certaine façon en dépendance du cénobitisme.
Les historiens de la vie religieuse parlent d’un certain nombre de « ruptures » qui caractériseront le renouveau de la vie consacrée au XIème siècle. L’une de ces ruptures consistera dans l’apparition de l’érémitisme autonome, c’est-à-dire d’un état de vie érémitique où l’on entre directement sans passer par le coenobium.
Dans l’histoire monastique d’Occident, chaque fois qu’il y a un renouveau du monachisme, ce renouveau commence par une nouvelle expansion de l’érémitisme. Lorsque les communautés cénobitiques deviennent trop impliquées dans les relations sociales ou économiques, ou encore dans les ministères pastoraux, et que les moines sont trop pris du matin au soir, fût-ce par des activités proprement communautaires, si bien que le temps qu’ils peuvent consacrer à la prière et à la lectio se fait trop rare, et qu’un certain équilibre a été rompu, apparaît tout à coup un nouveau mouvement vers la solitude.
Des personnes venues au monastère avec une authentique vocation cénobitique, et ne trouvant plus au sein de la communauté la solitude communautaire qu’ils avaient recherchée et d’abord trouvée, se tournent alors vers la vie érémitique. Elles s’ajoutent, bien sûr, à un certain nombre de vocations authentiquement érémitiques.
Il faut être bien conscient qu’une activité trop grande ou encore trop de communications avec l’extérieur modifie négativement l’équilibre de notre vie monastique et communautaire.
Parfois, nous nous efforçons de rétablir cet équilibre par des journées de solitude, par des temps forts, par des retraites personnelles en plus de la retraite communautaire.
Notre vocation cénobitique nous invite surtout à nous essayer à une autre approche : rétablir l’équilibre des divers éléments de notre vie de tous les jours.
Commentaire RB 4, 55-58