24 juin 2024.
33 Avant tout, il ne laissera pas de côté le salut des frères que Dieu lui a confiés. Ce salut, l’abbé ne le regardera pas comme une petite chose, en donnant plus d’importance aux affaires de la terre. Ces affaires passent et elles ne durent pas.
34 Mais il pensera toujours qu’il a reçu la charge de conduire des personnes et qu’il devra en rendre compte.
35 Et si le monastère est pauvre, cela n’est pas une excuse. L’abbé se rappellera cette parole : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et Dieu vous donnera les autres choses en plus » (Mt 6, 33).
36 Et aussi : « Rien ne manque à ceux qui respectent Dieu avec confiance » (Ps 33, 10).
Je disais hier que, pour Benoît, l’Abbé ne doit pas conduire une communauté comme un général conduit son armée, mais plutôt à l’image du Christ qui rassemble des hommes ou des femmes très différents, pour en faire un peuple, une communauté.
Même s’il doit parfois reprendre le frère, l’aider à changer, il doit surtout porter sur lui le regard sauveur du Christ et non pas le regard de la Loi.
Or, ce n’est pas ainsi que fonctionne une entreprise dans le monde : une faute professionnelle, un retard, une absence, entraînent un avertissement puis un renvoi.
Il en résulte que la motivation de chacun repose plus sur la peur du patron que sur l’amour du travail.
Dans la Règle, si l’Abbé est responsable des personnes, il est aussi redevable de la gestion du monastère… aussi, le danger est grand que l’économique passe avant le spirituel, surtout lorsque le monastère est pauvre.
Souvent pris par toutes sortes de choses à faire, d’ordre administratif, mais aussi par toutes sortes de dossiers à conduire, l’abbé ou le prieur, dans une communauté pauvre et moins nombreuse est aussi sollicité par d’autres charges comme l’enseignement, la cuisine, les emplois, la liturgie…
Ces tâches peuvent parfois donner l’impression au quotidien, que l’essentiel est là, dans le travail, qu’il faut que la communauté avance toujours plus vite… Il arrive alors qu’un frère plus lent ou plus fatigable se considère comme un mauvais moine.
Or, l’abbé ne doit jamais tomber dans ce panneau et se rappeler que, dans la Règle, le moine utile c’est celui qui vit en présence de Dieu. Les tâches matérielles ne doivent pas le détacher de l’essentiel : à savoir donner du temps aux frères, aux jeunes comme aux anciens.
Pour mener les deux de front (les choses à faire et le souci des frères) et garder la paix, Benoît donne la clef spirituelle : la confiance en Dieu et la certitude que Dieu n’abandonnera pas la communauté.
30 août