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17 août

17 août 2024.

Commentaire RB 7, 55

55 Le huitième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de faire ce que la Règle commune de son monastère et les exemples des anciens l’invitent à faire, et rien d’autre.

Il ne faut pas isoler ce verset de l’ensemble de la Règle : Benoît est le législateur monastique qui insiste le plus sur la personnalité du moine. Il est le premier à mettre en place le chapitre conventuel, il demande à tous les moines de donner leur avis, de dire ce qu’ils pensent afin que la volonté de Dieu apparaisse au grand jour ; il demande à chaque moine d’avoir une relation vraie avec son abbé et de lui dire son désaccord dans le cas où ce qu’il a ordonné lui paraîtrait impossible ou inopportun. Il demande à l’abbé de ne rien décider sans avoir pris conseil auprès de sa communauté. Le moine bénédictin a donc le droit d’avoir ses idées, ses jugements et ses points de vue.

Que signifie alors ce 8ème degré d’humilité ? La meilleure manière de répondre à cette question est de regarder comment Benoît a rédigé sa Règle. Elle est une œuvre particulièrement originale et pourtant il a pratiquement tout emprunté aux anciens.

Imprégné du texte des Écritures et de la littérature monastique, mais aussi profondément inséré dans la vie de l’Église de Rome, dans la liturgie de cette Église, il a su répondre aux besoins des jeunes gens venus frapper à la porte du Mont-Cassin, dans une période de profonde mutation. En puisant dans la Tradition, il a été profondément moderne ; il a su faire vivre ensemble des aristocrates romains et des barbares ; il a su maintenir les valeurs traditionnelles monastiques en étant profondément libre sur la forme extérieure de ces valeurs.

Nous vivons aujourd’hui dans une profonde mutation culturelle, beaucoup de nos jeunes contemporains sont en quête de repères intellectuels, éthiques et spirituels. Nous pouvons répondre à leurs attentes car la Tradition monastique nous invite à une grande ouverture d’esprit, à une écoute spirituelle et non pas à des jugements étriqués, mais, en même temps, cela suppose que notre vie, nos jugements, notre façon de penser, de croire et de vivre se laissent éclairer et enraciner par la tradition de l’Église et par la pratique monastique.

Si nous n’avons à proposer qu’une réflexion sui generis, une façon de faire qui ne prend appui que sur notre seule façon de voir, nous ne ferons qu’ajouter au désarroi de notre monde contemporain.

Cette manière d’être, à la fois profondément enracinée et libre (les deux à la fois), est aujourd’hui éminemment prophétique pour notre monde.