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Commentaire RB 2,4-6

18 juin 2024.

4 C’est pourquoi l’abbé ne doit rien enseigner, rien établir, rien ordonner en dehors des commandements du Seigneur.

5 Mais ses ordres et ses enseignements agiront comme un ferment pour répandre la justice de Dieu dans le cœur de ses disciples.

6 L’abbé doit toujours se rappeler ceci : le jour terrible où Dieu jugera les hommes, il examinera ces deux choses : son enseignement et l’obéissance de ses disciples.

Pour Benoît, ce qui est important, ce ne sont pas les charismes et les dons particuliers de l’Abbé, mais bien plutôt que l’Abbé soit avant tout un homme sur la route de la conversion, un homme qui a fait l’expérience de sa pauvreté et qui, par-là, a acquis cette capacité à être homme, véritablement homme : c’est-à-dire un être humain, blessé par le péché originel mais que le Christ regarde comme son frère, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Cette vérité anthropologique, dont la portée est révélée en Jésus‑Christ, appelle tout un labeur qui demande que le maître s’efface derrière le Christ et se refuse à conduire les autres à partir de lui-même, de ses propres qualités et charismes, car il n’y a rien de plus étranger à l’enseignement monastique qu’une expérience mystique qui est extérieure à la réalité des personnes !

L’abbé n’enseigne pas son propre chemin spirituel, il se réfère uniquement à ce que Dieu demande à tous (en l’adaptant à chacun) :

« C’est pourquoi l’abbé ne doit rien enseigner, rien établir, rien ordonner en dehors des commandements du Seigneur. » (RB 2, 4)

Les commandements du Seigneur, c’est l’amour de Dieu (en premier) et l’amour du prochain qui lui est étroitement lié.

Les qualités spirituelles du maître, qu’elles soient ordinaires ou exceptionnelles, ne doivent pas démobiliser les frères de leur tâche terrestre, de leur conversion personnelle ; bien au contraire, elles apportent un poids particulier aux réalités de la vie, un poids d’éternité.

Le danger ici serait que l’abbé soit un homme dur, que son regard spirituel sur les choses ne soit pas un levier pour l’homme tombé à terre, mais une source de découragement, cela arrive lorsque l’Abbé ne tient pas compte suffisamment de ses frères, de leurs limites, de leurs faiblesses et qu’il est trop idéaliste.

Pour saint Benoît, c’est parce que l’abbé connaît sa propre fragilité et sait que sa vie est le fruit de la grâce de Dieu et non pas de son propre mérite, qu’il conduit ses disciples dans l’expérience de la miséricorde de Dieu.

Il sait que si resplendit en lui l’image de Dieu, c’est parce qu’il a appris la miséricorde et l’humilité.