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Jeudi de la 10ème Semaine du Temps Ordinaire (Mt 5, 20-26)

13 juin 2024.

Il y a plusieurs éléments déroutants dans ces versets. Jésus ne remet pas en cause l’interdit de meurtre mais va plus loin en assimilant la colère au meurtre.

Cette colère ne doit pas être comprise comme une émotion passagère mais comme une attitude durable, destructrice et de dénigrement à l’égard de son frère, c’est-à-dire ici le membre de son clan familial ou religieux. 

Insulter ou traiter son frère de fou c’est lui refuser une existence au sein du clan, une réelle place dans la communauté. Bien évidemment, à l’image des paraboles, l’exagération des propos permet aux auditeurs de comprendre l’enjeu. Car la suite du verset intègre le vocabulaire cultuel et judiciaire.

Le qualificatif de frère est donc connoté d’une dimension religieuse et cultuelle : se réconcilier avec son frère est le premier culte offert à Dieu. Ou pour le dire autrement le culte ne peut exister en-dehors de la fraternité. Dès lors, l’attitude de colère envers le frère constitue un manquement vis-à-vis de Dieu lui-même. 

Il y a même urgence selon les versets 25-26 : Mets-toi vite d’accord… pendant que tu es en chemin. Cette urgence de la réconciliation est mise en lien avec l’évocation d’un tribunal, c’est-à-dire (ici) du jugement de Dieu. Ces derniers versets vont plus loin encore en substituant l’adversaire au frère, comme pour les mettre en parallèle … qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement (v.22) et pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge (v.25). Évidemment cette image trouvera son sens avec l’amour des ennemis. Mais la pointe est ailleurs : si l’on doit, et l’on peut, se mettre d’accord avec son adversaire combien plus est-il urgent de se réconcilier un frère.

L’interdit de meurtre sert ainsi une proclamation plus fondamentale sur la fraternité et la réconciliation. Jésus élargit l’interdit du meurtre aux attitudes des uns vis-à-vis des autres frères. Non pour être plus exigeant que la loi mais plus attentif à son sens : l’interdit du meurtre préserve la vie et cette vie, que Dieu donne, possède un aspect social et fraternel.