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Commentaire Règle de saint Benoît Prologue 9-14a

8 juin 2024.

9 Ouvrons nos yeux à la lumière de Dieu. Laissons la voix puissante de Dieu frapper nos oreilles, et écoutons ce qu’elle nous dit. Tous les jours elle nous crie :

10 « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, ne fermez pas votre cœur ! » (Psaume 94, 8).

11 Et encore : « Si vous avez des oreilles pour entendre, écoutez ce que l’Esprit dit aux Églises » (Apocalypse 2, 7).

12 Et que dit-il, l’Esprit ? « Venez, mes fils, écoutez-moi ! Je vous enseignerai le respect confiant envers le Seigneur » (Ps 33, 12).

13 Courez pendant que vous avez la lumière de la vie. Alors la nuit de la mort ne vous surprendra pas » (Jean 12, 35).

14a Le Seigneur cherche pour lui un ouvrier.

Nous avons vu que la Lectio pour Benoît est une sortie du sommeil, une prise de conscience du réel, de notre réel, par l’écoute et l’obéissance à la Parole de Dieu.

Nous avons vu aussi que la lectio,c’est toujours « aujourd’hui » ; selon les jours, parfois Dieu se fait silence, parfois aussi il se fait Parole, et il convient toujours de se laisser toucher et de ne pas fuir la Parole.

Ce que Dieu me dit à l’oreille, c’est aussi ce qu’il dit aux Églises… Il me le dit à moi pour le dire à mes frères ; il m’invite à me convertir pour que les hommes sachent que Dieu est amour et qu’il est Sauveur.

Au verset 15 du Prologue, Benoît cite le Psaume 33, 13 : « Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? ».

C’est le Christ notre Maître, c’est Lui qui enseigne le chemin qui conduit au Père ; c’est par son humilité qu’il a appris et qu’il nous apprend aussi le chemin qui mène au bonheur.

Existe-t-il un homme qui ne souhaite pas voir le bonheur ?

Cette question du psalmiste peut paraître étonnante, et pourtant… il est bon que Dieu nous la pose, en le faisant il renvoie chacun à son désir le plus profond et l’oblige à y revenir pour construire sa vie.

Le rapprochement, entre l’amour de la vie et la vision du bonheur, interroge forcément le contenu que l’on donne au mot « vie » : n’importe quel amour de la vie n’apporte pas le bonheur ; il interroge aussi certaines fausses conceptions du bonheur : ma vision du bonheur repose-t-elle sur un véritable amour de la vie ?

Cette question renvoie au désir ultime et véritable.

L’amour de la Lectio, c’est donc l’amour de la vie, de la vraie vie et elle s’adresse uniquement à l’homme qui aime la vie.

            C’est bien cette question posée par Benoît, « Quel est l’homme qui aime la vraie vie et désire le vrai bonheur ? », qui est la clef de lecture de tout le Prologue, et même de toute la Règle.

            Cette question appelle une réponse urgente, il faut y répondre AUJOURD’HUI, comme le disait le Psaume 94. Et c’est la quatrième citation biblique, empruntée à l’Évangile de Jean : « Courrez tant que vous avez la lumière de la vie, pour que ne vous enveloppent les ténèbres de la mort » (Jn 12,35).

Benoît transforme quelque peu le texte : là où Jean disait : « Ambulate dum lucem habitis », c’est-à-dire, « marchez pendant que vous avez la lumière », Benoît écrit « currite » (courrez), et il rajoute : « pendant que vous avez la lumière de la vie ».

Il faut courir pour aimer Dieu, c’est-à-dire ne pas attendre ; la vie monastique est une vie calme, mais où l’on est toujours en mouvement… Ce mouvement, c’est le fruit de la Lectio. Chaque jour, le Seigneur enflamme notre désir, notre charité et nous met en route. 

Saint Paul dira la même chose en 1 Co 9,24 : « Ne le savez-vous pas, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul emporte le prix. Courrez de même, afin de l’emporter ».