Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Commentaire Règle de saint Benoît Prol. 39-50

12 juin 2024.

39 Frères, nous avons demandé au Seigneur : « Qui habitera dans ta maison ? » Nous avons entendu sa réponse. Il nous a imposé ses conditions pour y habiter. A nous de remplir ces conditions !

40 Préparons donc nos cœurs et nos corps à combattre pour obéir fidèlement aux commandements du Seigneur.

41 Et pour les choses qui nous paraissent trop difficiles, prions le Seigneur de nous aider en nous donnant sa force à lui 1.

42 Si nous voulons éviter de souffrir loin de Dieu pour toujours, si nous voulons parvenir à la vie qui ne finit pas,

43 il est encore temps. Pendant que nous sommes dans notre corps, nous pouvons faire tout cela avec la lumière de cette vie.

44 Alors, dès maintenant, courons et faisons ce qui nous sera utile pour toujours.

45 C’est pourquoi nous voulons organiser une école pour apprendre à servir le Seigneur.

46 Dans cette école, nous l’espérons, nous n’imposerons rien de dur, rien de pénible.

47 Pourtant, il y aura peut-être des choses un peu plus difficiles pour des raisons justes. En effet, il faut bien corriger les défauts et garder l’amour entre les frères.

48 Mais ne te laisse pas tout de suite troubler par la peur et n’abandonne pas le chemin du salut. Au début il est toujours étroit (Matthieu 7, 14).

49 Mais, à mesure qu’on avance dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur devient large. Et l’on se met à courir sur le chemin des commandements de Dieu (Ps 118, 32), le cœur rempli d’un amour si doux qu’il n’y a pas de mots pour le dire.

50 Ainsi, nous n’abandonnerons jamais Dieu, notre maître, et chaque jour, dans le monastère, jusqu’à la mort, nous continuerons à faire ce qu’il nous enseigne. Alors, par la patience, nous participerons aux souffrances du Christ et nous mériterons ainsi d’être avec lui dans son Royaume (Rm 8, 17). AMEN.

         « Nous devons instituer une école pour apprendre à servir le Seigneur. Ce faisant, nous l’espérons, nous n’instituerons rien de dur, rien de pénible » (RB Prol. 45-46).

         Une « école » !

         Le « Commentaire de la Source », magnifique passage de la Règle du Maître, parle aussi du monastère comme d’une école en s’appuyant sur l’Évangile : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, je referai vos forces (…) Mettez-vous à mon école, je suis doux et humble de cœur » Mt 11,28-30.

         Les moines connaissent bien ce texte de la Règle du Maître qui est la reprise d’une catéchèse baptismale : des hommes dans le désert, assoiffés et épuisés par le poids de leur vie et de leurs péchés, voient une source et entendent une voix qui leur dit « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, je referai vos forces. » Ils vont à la source, ils se lavent et ils boivent. C’est une métaphore du baptême. Désaltérés, vivifiés, ils regardent leur bagage et ils se demandent comment pourraient-ils vivre désormais en hommes libérés du poids du péché ?

La même voix retentit une seconde fois : « Mettez-vous à mon école, je suis doux et humble de cœur ». C’est l’invitation à entrer au monastère.

         Benoît ne reprend pas cette catéchèse baptismale du Maître, mais il garde le mot « école ». Ce passage de Matthieu était très prisé dans la tradition monastique, on le retrouve souvent. Lorsque Benoît déclare vouloir fonder une école du service du Seigneur, tout le monde savait de quoi il parlait, tout le monde avait à l’esprit ce passage de Matthieu.

         L’école que fonde Benoît, c’est donc une école où l’on apprend que Jésus est doux et humble de cœur, elle est faite non pas pour les bien-portants, mais pour les malades, non pas pour les justes, mais pour les pécheurs.

         Elle est évangélique. Elle s’adresse aux hommes qui ont besoin d’être sauvés. Voilà pourquoi Benoît nous dit qu’il espère n’imposer rien de dur ni de pénible.

         Cette voix qui crie dans la foule : « Quel est l’homme qui veut la vie ? » et à laquelle nous avons répondu « me voici », c’est la voix du Christ ; Benoît nous dit « qu’il n’y a rien de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite » (RB Prol. 19). Il n’y a rien de plus doux que la voix de celui qui est doux et humble de cœur !

         Douceur et humilité, ce sont les remèdes de Dieu pour faire vivre l’homme blessé, pour nous faire vivre, c’est ainsi que nous devons vivre les uns les autres en communauté et avec ceux qui viennent au monastère.

         Par sa douceur et son humilité, Jésus nous fait connaître que Dieu est Père : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître encore, pour que l’Amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (Jn 17,26).