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19 août

19 août 2024.

Commentaire RB 7, 60-61

60 Le onzième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de parler doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en peu de mots, avec des paroles de bon sens. Il ne criera jamais.

61 Quelqu’un a dit : « On reconnaît un homme sage au peu de paroles qu’il dit. »

Plus on avance dans les degrés de l’humilité, plus la manière d’être devient l’expression de l’être profond.

Peu à peu le moine devient ce qu’il est vraiment, plus en accord avec sa vérité profonde, plus lui-même. De moins en moins d’attitudes forcées ou convenues, mais on est là tel quel.

Si, au 6° et 7°degré d’humilité, il y avait une sorte de lutte intérieure dans l’acceptation de sa grande pauvreté : « je suis réduit à rien », ici au 11ème degré, puis on le verra au 12ème, l’humilité se reconnaît à l’insu du moine lui-même.

Le piège pour nous serait de vouloir correspondre à cette description enviable, autrement dit de vouloir se créer un personnage. Je crois qu’il n’y a rien de plus éloigné au propos de Benoit lorsqu’il propose les degrés de l’humilité. Il donne des indices, non un exemple. Ces degrés veulent davantage nous offrir des critères de discernement pour ne pas nous tromper sur l’humilité.

Un petit apophtegme me semble à cet égard révélateur … « Un frère qui partageait le logement avec d’autres frères demanda à Abba Bessarion : “Que faire ?” Le vieillard lui répondit : “Garde le silence et ne te mesure pas toi-même” (Bessarion 10) ».

Le frère qui partageait son logement avec d’autres pouvait être tenté de se comparer aux autres. Si le jugement était en sa faveur, la tentation était peut-être pour le moine de se glorifier ou, à l’inverse, si le jugement était en sa défaveur de se dévaloriser tellement qu’il en vienne à perdre le goût de vivre.

Aussi la recommandation de l’Ancien tombe nette : « Ne te mesure pas toi-même ». Je crois que cette recommandation est utile en ce 11ème degré : il s’agit d’être soi-même sans chercher à se mesurer pour savoir où nous en sommes de l’humilité. Nous ne sommes pas juges de nous-mêmes. C’est le Seigneur qui juge.

« Ne te mesure pas toi-même » offre ainsi un garde-fou utile dans la quête de l’humilité. Cultiver le silence sur soi-même, sur les évaluations de toutes sortes qui peuvent nous habiter afin de s’en remettre au seul Seigneur qui sait, qui peut seul nous sauver et nous faire entrer dans la joie d’exister, confiant, avec nos limites et nos forces, nos pauvretés et nos richesses, sous son regard.