Saint Charles Lwanga et ses Compagnons / 3 juin 2024.
Logés dans la même case, nous nous appelions chaque matin pour nous saluer en répétant : prenons courage, le moment de mourir pour Jésus-Christ est près d’arriver (…).
Nous passâmes le temps à réciter nos prières, celles du matin et du soir, celles d’avant et d’après les repas, ainsi que notre chapelet. Quand les païens se moquaient de nous, nous leur disions : Lorsque vous aurez compris la religion comme nous, vous aussi, vous l’adopterez.
Ils nous laissèrent souffrir du froid, car nous manquions de vêtements, mais par ailleurs ils ne nous firent pas de mal. Quelques-uns même nous prenaient en pitié, disant : Ceux-là, pourquoi les fait-on souffrir ?
Le jour de l’exécution venu, on nous étendit sur des nasses de roseaux, les mains attachées dans le dos, les pieds attachés ensemble. Puis on serra autour de nos corps ces fagots de roseaux, en nous roulant dedans de façon à nous rendre impossible tout mouvement. Pendant qu’on nous ficelait, les autres bourreaux disposaient le bois en grand tas ; puis, soulevant les fagots humains ils les placèrent sur le bûcher (…).
Ils apportèrent encore un énorme tas de bois, qu’ils placèrent sur les fagots où étaient les enfants. Pendant que les bourreaux accomplissaient cette besogne, j’entendais les chrétiens qui priaient, récitant les prières qu’ils savaient par cœur.
Quand les bourreaux arrivèrent pour mettre le bois sur Magagga, un enfant de seize ans, celui-ci demanda un peu de vin de banane. On l’enleva de sa place, on le délia pour lui donner deux petites calebasses de vin. Il me fit ses adieux en disant : Denis, mon ami, au revoir. Je m’en vais auprès du Bon Dieu. Et on le remit à la place d’où on l’avait enlevé. E
Ensuite, les bourreaux prirent des torches allumées, incendièrent de tous côtés le bûcher des jeunes chrétiens. Le feu se leva en tourbillons, comme celui d’une maison incendiée. Et quand les flammes commençaient à monter, j’entendis sur le bûcher un murmure intense de prières. Les jeunes martyrs sont morts en invoquant le Seigneur.
In Vivante Afrique, n°354, septembre-octobre 1964, p.31.