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Commentaire Règle de saint Benoît 1,10-13

16 juin 2024.

10 La quatrième sorte de moines est celle des gyrovagues, c’est leur nom. Ils passent toute leur vie à courir d’une région à l’autre. Pendant trois ou quatre jours, ils se font loger dans les maisons des moines, tantôt chez les uns, tantôt chez les autres.

11 Ils sont toujours sur les routes, ils ne restent jamais au même endroit. Ils sont esclaves de leurs désirs et ils ne cherchent qu’à bien manger. En tout, ils sont pires que les sarabaïtes.

12 La vie religieuse de tous ces gens-là est très mauvaise. Mieux vaut se taire que d’en parler !

13 Laissons donc ces moines de côté et, avec l’aide du Seigneur, organisons la famille très forte des cénobites.

Rappelons que saint Benoît présente quatre sortes de moines : les cénobites, les ermites, les sarabaïtes et les gyrovagues. Si les moines sarabaïtes sont de faux cénobites, les gyrovagues sont de faux ermites.

Les gyrovagues, les faux ermites, Augustin les nomme « circoncellions » parce qu’ils vont d’une cellule à l’autre, d’un monastère à l’autre, toujours à courir, jamais stables, dira d’eux Benoît, ajoutant au tableau : « esclaves de leurs volontés propres et de la gueule (= gourmands) », les jugeant « encore plus détestables que les sarabaïtes », à cause probablement de leur « instabilité ». On sait l’importance que Benoît, fidèle à la tradition du désert rapportée par Cassien et les Apophtegmes, attache à la stabilité (cf. RB 4, 99 ; 58, 19…39 ; 60, 22 ; 61, 13).

La Règle de Benoît (RB) exclut donc 2 des 4 genres de moines dont elle fait état, choisissant – sans mésestimer les ermites – de légiférer pour la « très forte race des cénobites ».

Entre les ermites et les cénobites, Benoît a une « préférence pratique » pour les cénobites, se séparant ici de Cassien qui opte délibérément pour les solitaires (Coll. XVIII, 4). La RB ne prévoit pas le cas d’un moine qui quitterait le monastère pour la solitude au « désert ». Pour Benoît, le passage du cénobitisme à l’anachorétisme n’est pas le chemin normal pour le moine : c’est un problème en marge de la RB.

         Pour Benoît, le moine, « vivant sous une règle et sous un Abbé » est normalement appelé à « persévérer jusqu’à la mort dans la doctrine du Christ – retransmise et interprétée par l’Abbé – au sein du monastère, participant par la patience aux souffrances du Christ pour être admis à partager son Règne (Cf. fin du Prologue, au verset 50). 

Devenir moine bénédictin, c’est accepter de vivre avec les frères qui vivent ici jusqu’à la mort.

Je connais mes frères, je connais leurs défauts et leurs qualités, je ne dois pas chercher la vie ailleurs.

C’est, dans cette communauté, telle qu’elle est, que le Seigneur m’attend et veut me sauver. Il est donc essentiel pour moi d’aimer et de pardonner en rejetant toute tentation d’aller voir ailleurs car ce serait une fuite du réel, une fuite du Christ qui m’attend ici.