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Commentaire RB 2,1-3

17 juin 2024.

1 L’abbé, celui qui est digne d’être à la tête du monastère, doit toujours se rappeler le nom qu’on lui donne. Il doit prouver par ses actes son nom de « supérieur ».

2 En effet, au regard de la foi, il tient dans le monastère la place du Christ, puisqu’on l’appelle du même nom que le Christ.

3 L’apôtre Paul écrit : « Vous avez reçu l’Esprit Saint. Il fait de vous des enfants de Dieu et, par l’Esprit, nous crions à Dieu : Abba, Père » (Romains 8, 15).

Benoît reconnaît la paternité de l’abbé ; l’originalité de la RB réside dans le fondement théologique de cette paternité : l’abbé est père pour Benoît en raison de la paternité du Christ et parce qu’il tient la place du Christ-Père : « On croit que l’abbé tient au monastère la place du Christ dont il porte le titre, comme dit l’Apôtre : “Vous avez reçu l’esprit d’adoption filiale, dans lequel nous crions Abba, Père !” » (Rm 8, 15) [RB 2, 2-3].

L’utilisation de ce verset de l’Épître aux Romains est outrancière, elle attribue au Christ les prérogatives du Père ; elle n’en dégage pas moins une profonde perception du mystère de la Trinité.

Le Christ est Père parce qu’il introduit les hommes dans le mystère de la Trinité et en fait des fils. Le Christ est Père, en tant qu’Il est le Sauveur.

Il découle de cette paternité du Christ une tendresse. Elle rejaillit sur l’abbé qui tient au monastère la place du Christ. Chez Benoît, la paternité, qui revient comme un leitmotiv, éclaire toute la mission de l’abbé.

Cependant, de même que le Christ disparaît à nos yeux pour conduire les hommes au Père qui les reconnaît comme ses fils, de même l’abbé exerce sa mission de paternité à l’instar du Christ, en le laissant agir en lui et par lui ; il s’efface pour qu’advienne un homme libéré de ses passions et qui se tient devant le Père des cieux en fils véritable. Telle est la mission que Benoît assigne à l’abbé en lui confiant une fonction de paternité qui n’est plus seulement fondée sur la capacité à guider des disciples, mais sur le mystère d’une présence sacramentelle qui s’efface pour désigner, et permet au Christ de réaliser la rencontre entre chaque moine et le Père des cieux.