25 mars 2025.
25 mars
3 Tous les frères sont appelés au conseil, comme nous l’avons dit. En effet, souvent le Seigneur découvre à un frère plus jeune ce qui est le mieux.
A partir d’aujourd’hui, et pour les jours qui viennent, je voudrais en profiter pour faire le point entre le chapitre 2 sur l’Abbé et le chapitre 3 sur le chapitre conventuel et le Conseil des anciens, la place de chacun et l’articulation des ces trois instances.
Même si la tradition bénédictine a donné naissance à ce que l’on nomme dans le Congrégations religieuses le chapitre général (notre chapitre conventuel) et le chapitre provincial (notre Conseil), la manière d’exercer l’autorité et de vivre l’obéissance est très différente dans la tradition monastique et dans la vie religieuse apostolique.
La raison fondamentale est celle de la théologie de l’Abbé pour la Règle. L’Abbé est à la fois celui qui gouverne la communauté et celui tient la place du Christ, c’est-à-dire qui est le Père spirituel de chaque moine ; de fait, même s’il peut déléguer cette mission à tel ou tel frère, il a le devoir d’entretenir avec chacun une relation particulière d’ordre spirituel. La Règle ne prévoit pas la distinction for interne et for externe, pas plus que ne le font nos Constitutions.
C’est là le point capital qui nous distingue.
Ceci dit, Benoît prévoit que l’Abbé écoute les frères, il invente même le fait que tous les frères expriment leur opinion, mais cette écoute laisse l’abbé libre de prendre la décision qu’il juge la meilleure pour les frères.
De même, il délègue au cellérier la charge des affaires matérielles, mais il peut s’opposer à lui s’il estime que telle ou telle décision prise s’oppose au chemin spirituel des frères et de la communauté ou s’éloigne de l’esprit de la Règle.
Si l’abbé n’est que le porte-parole de la communauté, la communauté cesse d’être un monastère bénédictin car la vie d’un monastère ne repose pas sur la majorité voire même sur le consensus mais sur la vie du Christ qui peut s’exprimer à travers le plus jeune de la communauté ou une minorité. L’Abbé a la charge de ce discernement ultime.
En revanche, si l’abbé n’écoute pas les frères, il peut passer à côté de ce que l’Esprit Saint veut lui dire, se durcir dans des positions idéologiques qui vont tendre la communauté.
L’équilibre de la Règle suppose que soient respectées – et tenues ensemble – ces trois réalités :
- L’expression libre et courageuse des frères
- La foi dans la décision que prend l’abbé
- L’écoute spirituelle des frères par l’abbé qui aura à décider ce qui lui semble être le meilleur.
Commentaire Règle de saint Benoît 1,6-9