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7 octobre

7 octobre 2024.

Commentaire de RB 30, 1-3

1 Il faut traiter chacun selon son âge et selon son jugement.

2 C’est pourquoi voici comment on punira les enfants, les adolescents ou les adultes qui ne peuvent pas comprendre la gravité de la mise à l’écart de la communauté.

3 Quand ils font des fautes, on les fait beaucoup jeûner ou bien on les frappe très fort pour les guérir.

Le chapitre 30 est intitulé : « Comment corriger les jeunes enfants », et l’on serait tenté de le laisser de côté, parce qu’il y a bien longtemps que l’on n’entre plus au monastère comme enfant, et ensuite parce que ce bref chapitre prévoit des châtiments corporels qui seraient impensables aujourd’hui.

            De ce chapitre 30, je retiendrai deux phrases : la première et la dernière.

            La première phrase est celle-ci : « Chacun doit être traité selon son âge (aetas) et son jugement (intellectus) ». C’est un principe fondamental pour toute vie commune et que doit toujours avoir à l’esprit quiconque a des décisions à prendre au sein d’une communauté. Il ne s’agit jamais d’appliquer mécaniquement des règles et des principes ; mais de tenir compte des capacités et des forces de chaque personne, y compris de la capacité de comprendre. C’est une dimension essentielle du « respect de la différence ».

            La dernière phrase, ou plutôt le dernier membre de la dernière phrase dit : « pour qu’ils se corrigent » ou plutôt, pour traduire de façon plus littérale : « pour qu’ils soient guéris » (ut sanentur). On peut dire que ces derniers mots donnent leur sens à la longue série de chapitres sur la correction des frères. Il ne s’agit jamais de « punir » ou de « faire expier » une faute. Il s’agit toujours d’amener à la conversion.

            Et précisément, nous sommes tous venus au monastère pour nous convertir, c’est-à-dire pour poursuivre notre chemin de retour à Dieu dans la voie de l’obéissance à Sa volonté. C’est pourquoi nous faisons un vœu de conversion et notre existence monastique est perçue comme une « conversion continuelle ».

            Ce retour est vu comme une guérison. Ce qui veut dire que notre état de pécheurs est conçu comme une maladie. En effet, nous avons été créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance. C’est là notre état de santé parfaite. Toute perte de cette ressemblance et toute déformation de l’image de Dieu en nous est donc une maladie. Nous venons au monastère pour qu’à travers la forme d’existence qu’on y vit, et tout spécialement à travers la communion avec des frères, cette pleine communion avec Dieu soit sans cesse rétablie et que nous soyons graduellement toujours plus conformés à l’image du Christ.

            C’est là le noyau de l’enseignement spirituel qu’on retrouve dans tous les chapitres de la Règle de saint Benoît, même ceux qui nous semblent le plus rébarbatifs ou les moins en syntonie avec notre culture moderne.