28 mars 2025.
28 mars
7 En toutes choses donc, tous suivront la Règle. C’est elle qui commande, et personne n’aura l’audace de s’en éloigner.
8 Dans le monastère, aucun frère ne suivra le désir de son cœur à lui.
L’OBÉISSANCE DE JÉSUS-CHRIST (1)
Après avoir parlé de l’abbé, du chapitre conventuel, du Conseil et de la manière dont s’articulent, dans la Règle et dans la pratique, ces trois éléments, le dernier mot revient à l’obéissance : obéissance de l’abbé qui se soumet à la volonté de Dieu exprimée par ses frères et par sa prière et sa réflexion ; obéissance du moine qui consent de tout son être à la décision de son abbé.
Or, la clef de l’obéissance monastique c’est l’obéissance de Jésus qui est la clef de lecture de toute sa vie :
« Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » (Ph 2,8 ; Ro 5,19 ; He 5,8).
Il convient d’observer cette obéissance et de prendre le temps de s’y arrêter pour mieux la comprendre.
Obéir, c’est d’abord quelque chose de très matériel, c’est faire la volonté d’un autre. Tel est le langage de Jésus, tel est le sens qu’il donne à sa vie : « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38) ; « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté » (He 10,7).
Obéir n’est pas pour Jésus un idéal à reproduire mais un geste concret qui correspond à la volonté du Père : un mot à dire, un silence à garder, un pécheur à reprendre ou à accueillir, un miracle à opérer, un visage à pacifier. C’est la démarche la plus simple qui soit, celle du serviteur, que l’on ne jugera pas sur ses états d’âme, mais sur sa manière de servir.
Sans ce réalisme, l’obéissance n’est qu’un mot. La veille de sa mort, voulant laisser aux siens une dernière image de lui, il prit la posture de l’esclave : quitta son manteau, lava les pieds de ses disciples et les essuya avec un linge (Jn 13). Geste d’humilité du serviteur devant son maître : geste du Christ devant ses frères en humanité, geste qui résume sa vie, geste qui fait écho à l’attitude du Christ devant son Père : « Père j’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donné à faire » (Jn 17,4).
La forme la plus commune de l’obéissance consiste à se soumettre aux diverses autorités qui exercent un pouvoir. Jésus a connu cette obéissance, il a été soumis aux hommes. On le voit parfois s’affranchir de l’obéissance aux hommes, afin de mieux obéir à Dieu (vis-à-vis de ses parents ou de l’impôt dû au Temple), ces affirmations sont si exceptionnelles qu’elles soulignent d’autant plus son obéissance habituelle.
Lorsqu’il quittera Nazareth pour commencer sa mission sur les routes de Galilée, Jésus manifestera qu’il n’a pour les autorités civiles aucune superstition : Hérode est un renard (Lc 13,32). Jamais pourtant Jésus ne prêche la révolte, même aux autorités les plus indignes, il lui semble naturel de leur obéir, si naturel qu’il n’en parle même pas.
Pour Jésus, l’obéissance à la famille et à l’état n’est pas une conséquence de l’Évangile, elle repose sur la condition naturelle de l’homme. Ayant adopté cette condition, Jésus vit en fils soumis, en sujet loyal, sans fanatisme, sans peur mais sans réticence.
Cette obéissance civile n’est pas toute la vie de Jésus car il a aussi pris de nombreuses initiatives. Par sa liberté, il a voulu manifester le pouvoir que le Père lui a remis, les exemples qu’il nous donne sont valables pour tout homme ; c’est au nom de la liberté que Dieu donne à ses enfants que tout homme est amené à passer sur nombre de règles légales (Mc 2,25 ; 3,4) pour aimer, car parfois le durcissement de la Loi empêche d’aimer.
Commentaire RB 4, 46