28 octobre 2024.
Commentaire RB 33, 1
1 Posséder égoïstement est un penchant mauvais. Avant tout, il faut l’arracher du monastère avec ses racines !
L’autre jour, nous avons vu les fondements bibliques de la « non propriété », en particulier le projet de vie de la première communauté chrétienne à Jérusalem où les chrétiens mettaient tout en commun.
Aujourd’hui, je voudrais regarder cet idéal vécu par nos Pères dans la vie monastique.
Les anachorètes d’Egypte devaient vivre pauvrement, mais l’ermite n’a pas le soutien d’une communauté, il doit donc posséder des choses indispensables pour vivre, travailler et habiter au désert : une cellule, des livres, des outils, des ustensiles, etc.. Il travaille et, chaque semaine, il descend au village pour vendre et, avec cet argent, s’acheter de la nourriture et entretenir son ermitage. Cela représente donc la possession de plus de choses que ce qui est mis à la disposition de chacun dans un monastère.
Chez Pachôme, la propriété mise en commun est une désappropriation personnelle : il s’agit d’être libre de la propriété, pour pouvoir marcher librement à la suite du Christ pauvre, dégagé des soucis du monde. La désappropriation personnelle dans la mise en commun des biens est aussi le signe de l’unité de la communauté. Renoncer à posséder quoi que ce soit, c’est tout recevoir de la main de ses frères ; c’est le facteur qui garantit le « vivre ensemble » en fraternité. La confiance en mes frères qui ne m’abandonneront pas, c’est un combat que Pachôme rapproche du fait de prendre sa croix chaque jour.
Chez Basile, renoncer totalement à la propriété personnelle, c’est vivre selon l’Evangile ; c’est – pour lui – une exigence incontournable. Le fondement théologique pour Basile de la non-propriété, c’est le Christ qui donne sa vie pour nous.
En Occident, la Tradition monastique a reconnu en saint Augustin le théoricien de la mise en commun des biens. Pour Augustin, n’avoir qu’un cœur et qu’une âme, induit immédiatement la mise en commun des biens, expression de l’amour mutuel. Le partage des biens signifie alors la communion des cœurs.
La Tradition monastique du Sud de la Gaule, avec Lérins, part aussi du primat de la vie commune : nous ne pouvons pas vivre ensemble si nous ne mettons pas tout en commun et si nous ne nous faisons pas confiance.
Au fondement spirituel du monachisme cénobitique, se pose la question de la propriété personnelle, en lien avec la vie communautaire.
Demain, nous étudierons le texte de Benoît proprement dit qui va développer la non-propriété et en faire un pilier de la vie bénédictine.
Commentaire RB 2,7-10