21 février 2025.
Commentaire RB 71, 1-5
1 Obéir est un bien. C’est pourquoi tous les frères doivent obéir à l’abbé. Mais cela ne suffit pas. Ils s’obéiront aussi les uns aux autres.
2 Qu’ils le sachent : c’est par ce chemin de l’obéissance qu’ils iront à Dieu.
3 Donc, on obéit d’abord aux ordres de l’abbé et des responsables qu’il a établis. A ces ordres-là, nous ne permettons pas de préférer les ordres des autres frères.
4 Mais, pour le reste, tous les frères plus jeunes obéiront à leurs aînés de tout leur coeur et avec amour.
5 Si quelqu’un refuse d’obéir, on le punira.
Pour Benoit, l’obéissance est toujours un bien, indépendamment de la qualité de celui qui commande. Elle nous fait pratiquer le renoncement à notre volonté propre, l’humilité. Elle est le chemin pour imiter le Christ, pour apprendre la charité.
« Les frères s’obéiront mutuellement, sachant que, par cette voie de l’obéissance, ils iront à Dieu ». L’obéissance est la voie par laquelle on va à Dieu. C’est l’itinéraire qui était proposé au novice : « Les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu. » C’est la perspective tracée au début du Prologue : « Revenir par une obéissance laborieuse, à Celui dont on s’était écarté par une désobéissance paresseuse ».
Cette perspective immense et indéterminée, nous la voyons se concrétiser tout au long de la Règle, en une foule d’actes précis, qui remplissent toute la vie du moine. « Obéir en toute charité et empressement ». Déjà Saint Basile avait invoqué ce motif, l’amour fraternel. Et il citait l’Écriture pour la fonder : « Il faut s’obéir mutuellement, disait-il, parce que le Christ nous en a donné l’ordre, et l’exemple » ; « Celui qui veut être grand, parmi vous, qu’il soit votre serviteur. Celui qui veut être le premier, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’Homme est venu, non pour être servi, mais pour servir » (Mt 20, 26-28). Basile renvoyait encore à l’Epitre aux Galates : « Dans la charité du Christ, servez-vous les uns les autres » (Ga 5, 13).
Obéir, c’est prendre l’attitude du serviteur. C’est l’attitude que le Christ nous a donnée en exemple à la dernière Cène. L’exemple de l’amour suprême. A cette voie de l’obéissance qui mène à Dieu, Benoit oppose l’attitude du frère contestataire : « Celui qui est pris à contester, on le réprimandera ». Le mot traduit par « contestataire » signifie aussi, obstiné, opiniâtre, ce désir farouche de vaincre, d’imposer sa manière de voir, ce mépris à l’égard d’autrui.
Le chemin, pour sortir de cette attitude, c’est d’abord d’en prendre conscience. Car souvent, le frère qui agit ainsi ne s’en rend même pas compte. La première étape consiste à sortir de cet aveuglement, mais surtout à prendre ce chemin de libération qu’est l’obéissance. Libération de soi-même, pour pouvoir donner notre vie à Dieu.
8 septembre