22 août 2024.
Commentaire RB 7, 67-70
67 Alors, quand le moine a monté tous ces échelons de l’humilité, il parvient bientôt à aimer Dieu d’un amour parfait. Et quand l’amour de Dieu est parfait, il chasse la peur dehors (1 Jn 4, 18).
68 Quand le moine aime de cette façon, tout ce qu’il faisait avant avec une certaine crainte, il commence à le pratiquer sans aucune peine, comme si c’était naturel et par habitude.
69 Il n’agit plus parce qu’il a peur de souffrir loin de Dieu pour toujours. Mais il agit parce qu’il aime le Christ, qu’il a pris de bonnes habitudes et qu’il goûte la douceur de faire le bien.
70 Voilà ce que le Seigneur voudra bien montrer, par l’Esprit Saint, dans son ouvrier purifié de ses penchants mauvais et de ses péchés.
L’humilité recherchée conduit à l’amour, amour de Dieu qui chasse la crainte et la peur de l’enfer, et amour du Christ qui transforme la course à sa suite en plaisir sans effort de faire le bien.
L’humilité conduit à l’amour.
Cet amour se présente comme un don du Saint Esprit. Il est gratuit et il donne d’agir « sans effort ». Cet amour nous rend à nous-mêmes, pour faire le bien « comme naturellement, par habitude ». Il nous donne du « plaisir » à bien agir. St Benoit voit cet état possible dès cette terre, non pas seulement au ciel.
Il croit ainsi beaucoup en la grâce et beaucoup en l’homme. La grâce du Saint Esprit veut réaliser cela en l’homme, et ce dernier est capable d’accueillir et de consentir à cette grâce vivifiante et purifiante.
Au terme de ce long chapitre, il nous reste donc, non pas à retrousser nos manches, mais à croire en cette promesse d’amour offert. Croire en cette promesse, c’est croire, et en l’action de l’Esprit Saint et en notre désir le plus profond. Et celui-ci n’est pas d’accomplir de grandes choses, mais d’aimer vraiment comme le Christ, à sa suite. Notre désir le plus profond est de vivre le mystère pascal avec le Christ. Nos vies, à la suite du Christ, nous le font vivre et traverser.
Un jour ou l’autre, nous sommes ou serons confrontés à des passages étroits et difficiles qui demandent de lâcher prise et d’accepter un apparent dépouillement. Passage par une forme de mort qui anticipe l’ultime passage que nous aurons à vivre. La grâce de l’humilité, accueillie et consentie, nous entrainera alors dans un amour plus profond du Christ et de son Père, dans l’Esprit Saint.
Telle est la promesse que St Benoit nous laisse. Gardons-la précieusement comme un trésor qui donne sens à notre vie monastique. Il éclaire en retour nos vies humaines, et celles de nombreuses personnes qui nous entourent. « Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés ! »
11 novembre