4 Avant tout, quand tu commences à faire quelque chose de bien, supplie le Seigneur par une très ardente prière de conduire lui-même cette action jusqu’au bout.
Saint Benoît, au verset 1, nous a dit qu’il convient d’écouter, au verset 2, que cette écoute doit se faire obéissance, et au verset 3, que tout homme qui accepte de renoncer à ses propres voies pour entrer dans celles du Christ par l’obéissance est capable de faire ce parcours quel qu’il soit.
Ce matin, Benoît nous met en garde contre une tentation : nous appuyer sur nos propres forces.
Ce verset 4 aborde un point fondamental de la Tradition monastique et même de la Tradition chrétienne : celui de la grâce.
Notre conversion dépend-elle de Dieu ou de nous ? C’est cela la grande question !
La foi chrétienne est très claire : tout dépend de Dieu… Or, la littérature monastique donne parfois l’impression qu’il faut que nous aussi nous fassions des efforts (comme le dit le dicton populaire : aide-toi et le ciel t’aidera) ; on a parfois accusé la pensée monastique d’être pélagienne ou semi-pélagienne, de donner l’impression que l’effort de l’homme apporte la conversion.
En fait c’est plus compliqué et plus simple à la fois :
Le Christ nous aime, en prendre conscience, le découvrir, en faire l’expérience, est la source d’un grand bonheur qui enflamme notre désir et qui nous conduit à sortir de nous-mêmes, à bouger, à répondre « oui » à cet amour. Les efforts que nous faisons ne nous sauvent pas, mais bien plutôt notre obéissance à l’amour de Dieu, notre « oui ». Ceci dit, concrètement, nos efforts sont l’expression concrète de notre réponse à l’amour de Dieu ; le cadeau que nous lui offrons car il nous le demande et qu’il en a besoin pour nous sauver et pour nous libérer.
Notre cadeau est une réponse à l’amour personnel et premier de Dieu et il deviendra ce que Dieu voudra, parfois un effort d’un jour car c’est trop lourd pour nous ; parfois un bouleversement radical qui engage toute notre existence et tout notre avenir, peu importe ! Saint Benoît nous le dit : ne t’appuie pas sur tes mérites et sur tes vertus, tu es trop faible, appuie-toi sur la prière.
Ce qui signifie qu’il n’y a pas de foi chrétienne (c’est-à-dire de confiance en l’amour de Dieu) sans réponse de l’homme qui répond à cet amour par un cadeau d’amour, par le fait de bouger quelque chose dans sa vie, de sortir de sa bulle, de son péché… même si c’est éphémère.
La foi authentique agit dit saint Jacques dans sa Lettre ! Mais ce n’est pas ce que nous faisons qui compte, même si c’est nécessaire de le faire, c’est bien plutôt ce que Lui, le Christ fait en nous qui est important et qui nous libère !
Peu à peu, le Christ nous apprendra par sa grâce à faire la même chose pour nos frères ; nous les aimerons sans trop nous inquiéter de savoir s’ils nous aiment… Parfois, ils répondront à cet amour, nous saurons alors que la grâce de Dieu commence à entrer dans leur vie.
Commentaire RB 2,7-10