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15 janvier

15 janvier 2025.

Commentaire RB 58, 24-29

24 Quand ce frère a des biens, il les distribue aux pauvres avant de s’engager, ou bien il en fait cadeau au monastère par une donation solennelle. Il ne se réserve rien du tout pour lui.

25 En effet, il le sait : à partir de ce jour, il n’a même plus de pouvoir sur son corps.

26 Aussitôt donc, dans l’oratoire, on lui enlève les vêtements personnels qu’il porte et on lui donne les habits du monastère.

27 Les vêtements qu’on lui a enlevés, on les met au vestiaire pour les garder.

28 Alors si, un jour, poussé par les conseils de l’esprit mauvais, il décide de quitter le monastère – espérons que non ! -, on lui enlève les habits du monastère avant de le mettre dehors.

29 Mais la promesse écrite que l’abbé a prise sur l’autel, ce frère ne la reprend pas. On la gardera au monastère.

Au terme de ce long chapitre, Benoît clôt le rituel de l’engagement définitif du moine avec le rite de la dépossession des biens matériels que le nouveau venu abandonne en s’engageant. Je relève le lien fait par Benoît entre cette dépossession matérielle et le don de soi de tout son être.

« Puisque, à partir de ce jour, il sait qu’il n’aura même plus pouvoir sur son propre corps ».

La dépossession matérielle n’est que la partie immergée d’une dépossession plus radicale de soi-même que se vit le jour de la profession. Il est intéressant encore de remarquer que cette phrase « il n’aura même plus pouvoir sur son propre corps » est pratiquement une citation de Paul en 1Co 7.4. A propos de l’union de l’homme et de la femme, Paul affirme : « la femme ne dispose pas de son corps mais le mari, pareillement le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme ». Les expressions latines sont très poches entre la RB et 1 Co 7. Le rapprochement est saisissant. De même que l’homme et la femme acceptent dans le couple de ne pas disposer d’eux-mêmes et de leur propre corps, de même le moine qui s’engage dans la communauté accepte de ne pas disposer de lui-même. L’alliance va jusque là.

Que l’on aille vers l’engament ou que l’on soit déjà engagé, il est bon de nous remettre devant la profondeur de cette alliance que nous scellons avec la communauté. Le changement d’habit vient expliciter cela. Nous avons laissé nos effets personnels pour revêtir l’habit monastique de la communauté. Nous nous sommes dépouillés de nous-mêmes pour nous recevoir tout entier de la communauté et à travers elle du Christ. Notre habit porté au monastère nous rappelle cela. La première richesse que nous apportons à la communauté, c’est donc notre dépouillement et notre pauvreté. Avant nos dons et nos talents, c’est de notre pauvreté que la communauté a besoin. Au cœur de cette pauvreté consentie va se nouer l’alliance. A partir de là va pouvoir se vivre l’échange des dons : le moine recevant tout de la communauté et la communauté se recevant des talents de chacun. Nous pouvons rendre grâce pour la beauté de cet échange de dons que nous vivons par notre engagement monastique.