26 septembre 2024.
Commentaire de RB 25
1 Le frère qui est coupable d’une faute grave sera privé à la fois du réfectoire et de l’oratoire.
2 Aucun frère n’ira le trouver pour lui tenir compagnie ou lui parler.
3 Il sera seul pour faire le travail qu’on lui a commandé et il restera dans la tristesse que lui cause son repentir. En effet, il connaît la phrase terrible de l’apôtre Paul :
4 « Cet homme-là, on fait mourir son corps pour que son esprit soit sauvé le jour où le Seigneur viendra » (1 Corinthiens 5, 5).
5 Ce frère mangera seul. Pour la quantité de nourriture et l’heure du repas, c’est l’abbé qui jugera ce qui est bon pour lui.
6 En passant près de lui, personne ne le bénira, ni lui, ni la nourriture qu’on lui donne.
Sens ecclésial de l’excommunication (RB 25)
De façon assez paradoxale, on ne comprend le sens de l’excommunication que si l’on a un sens profond de l’Église. L’excommunication n’est pas l’exclusion ; l’exclusion, c’est le renvoi du frère, l’excommunication, c’est le fait de demander à un frère pour un temps de vivre séparé des autres, de manger seul ou de prier seul dans le but, d’une part, de protéger la communauté et la qualité de la vie communautaire contre les actions d’un individu qui pourraient être destructrices de la communion, mais aussi, d’autre part, de ramener le frère à la pleine communion par une transformation du cœur conduisant à une transformation du comportement.
Saint Benoît distingue des fautes relativement légères (dont il a traité dans les chapitres 23 et 24, que nous avons déjà commentés) et des fautes graves, dont il traite dans le chapitre 25, que je commente maintenant. Benoît ne donne aucune liste, ni même aucun exemple de ce qu’il considère comme « faute grave ». Il a déjà dit au début du chapitre qu’il confie à l’abbé le soin de déterminer la gravité de la faute. Cela veut dire qu’il doit y avoir dans chaque cas un « discernement », et non l’application de règles mathématiques ou de notions abstraites.
L’excommunication pour une faute légère est essentiellement l’exclusion de la table commune. L’excommunication pour une faute grave implique, en plus, l’exclusion de la prière commune et donc de la vie liturgique. Ceux qui ont analysé en détail le chapitre de saint Benoît concernant l’excommunication pour fautes graves, font remarquer qu’en ce domaine Benoît s’inscrit tout simplement dans la tradition pénitentielle remontant à l’Église primitive.
Le moine incarne cette communion ecclésiale dans une vie commune intense où les éléments importants de vie quotidienne, comme le travail, l’étude, les repas sont pris en commun – ce qui n’est pas nécessairement le cas pour les autres Chrétiens. Les coutumes monastiques se situent à ce niveau. Quant à la prière commune c’est une dimension de toute vie ecclésiale, même si le moine le fait selon un rituel propre.
Donc, lorsqu’un moine est coupable d’un comportement qui met en danger la communion communautaire, mais qui n’est pas d’une grande gravité, la sanction consistera dans une séparation symbolique des aspects proprement monastiques de la vie communautaire. Mais lorsqu’un moine est coupable de comportements qui sont assez graves pour aller à l’encontre de la communion ecclésiale, la Règle de saint Benoît applique simplement ce qui était la tradition pénitentielle de l’Église primitive.
Commentaire RB 3, 7