26 janvier 2025.
Commentaire RB 61, 1-4
1 Un moine étranger arrive de très loin. Il veut rester au monastère comme un hôte.
2 S’il se contente des coutumes qu’il trouve à cet endroit, s’il ne trouble pas le monastère en demandant trop de choses,
3 et s’il est content tout simplement de ce qu’il trouve, on le reçoit aussi longtemps qu’il veut.
4 S’il reproche quelque chose ou s’il fait des remarques de façon raisonnable et avec un amour plein d’humilité, l’abbé réfléchit avec prudence : est-ce que le Seigneur ne l’a pas envoyé exprès pour cela ?
En quelques phrases, St Benoit donne un enseignement très précieux et plein d’équilibre. A la fois, le moine étranger est invité à entrer dans la vie qu’il trouve au sein de la communauté qui l’accueille et, parfois, il aura à faire des remarques dont on tiendra compte d’autant mieux qu’elles sont exprimées avec « une humble charité ».
Dans le premier cas, le moine est soumis à la communauté qui prescrit ce qu’il faut faire.
Dans le second cas, le moine étranger se trouve en position d’interpeller la communauté qui reste ouverte à une éventuelle remarque en vue de l’aider à améliorer sa vie.
Apparait très bien ici, combien pour le moine étranger comme pour la communauté, l’important est de rechercher sans cesse à faire la volonté du Seigneur. Faire sa volonté en accomplissant ce qui est demandé là où on se trouve. Mais aussi faire sa volonté en accueillant une remarque qui pourrait être occasion de progrès.
Comme dans le chapitre 3, à propos de la réunion de la communauté en conseil, le Seigneur peut parler soit par le plus jeune, soit par l’étranger. Cette approche libre de Benoit qui invite à accueillir l’inattendu de la part de l’étranger est bonne à cultiver. Elle nous entraine à demeurer dans l ‘humilité qui accueille et, dans la charité qui s’ouvre à l’autre, en tout temps et en toute chose.
Ce petit chapitre est un bon antidote contre l’orgueil communautaire par lequel une communauté se prendrait pour la seule référence en sa façon de vivre.
L’étranger, l’hôte de passage, un frère d’une autre communauté, peuvent renvoyer des questions qui remettent en cause nos évidences. Dans ces échanges et ce dialogue, on touche à la force du mystère de l’Église.
Aucune communauté ou réalité ecclésiale n’incarne à elle seule l’Église. Celle-ci est composée d’une multitude de visages communautaires pour accueillir l’immense Peuple de Dieu. Au sein de cette unique Église, nous sommes cependant heureux d’être nous-mêmes – dans notre communauté –, forts des dons reçus à travers saint Benpît et la longue histoire de l’Ordre bénédictin, à travers aussi le P. Muard, Dom Romain, le P. Denis Martin et toute notre tradition de Bouaké… Cette longue tradition nous apprend à comprendre la Règle de saint Benoit, relue par les différentes générations depuis plus de quinze siècles.
Apprenons aussi à nous réjouir que d’autres communautés existent et soient différentes dans leur esprit et leur pratique, même si on ne choisirait pas de vivre chez eux. Si nous étions tentés de nous penser comme la seule référence, les rencontres entre nos différents monastères (même dans la sous-région) avec leurs visages propres nous rappellent à l’humilité.
5 octobre