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24 janvier

24 janvier 2025.

Commentaire RB 59

1 Il peut arriver qu’un notable offre son fils à Dieu en le donnant au monastère. Quand c’est un enfant très jeune, ses parents écrivent la promesse à sa place. On a parlé de cette promesse plus haut.

2 Ils enveloppent tout ensemble, dans la nappe de l’autel : la promesse écrite et la main de l’enfant avec l’offrande du pain et du vin. C’est ainsi qu’ils offrent leur enfant à Dieu.

3 Pour les biens que les parents possèdent, dans la promesse écrite, ils font le serment de ne jamais donner quelque chose à l’enfant. Ils promettent aussi de ne jamais lui fournir l’occasion de posséder quelque chose plus tard : que cela vienne d’eux-mêmes, ou d’une personne nommée par eux, ou de n’importe quelle autre façon.

4 Ou bien, si les parents ne veulent pas faire cela, et s’ils veulent offrir une aumône au monastère pour obtenir de Dieu une récompense,

5 ils donnent, par écrit, au monastère les biens qu’ils veulent offrir. Mais, pendant leur vie, ils peuvent garder pour eux l’usage de ces biens, s’ils le veulent.

6 Ainsi, on ferme tous les chemins, et l’enfant n’a plus à attendre aucun bien pour lui. En effet, cette attente peut seulement le tromper et le conduire à la mort. – Voilà ce que l’expérience nous a appris. – Espérons que cela n’arrivera pas !

7 Ceux qui sont plus pauvres feront la même chose.

8 Et ceux qui n’ont rien du tout écrivent seulement la promesse et ils offrent l’enfant avec l’offrande du pain et du vin, devant des témoins.

         Ce chapitre est apparemment obsolète, puisque nous n’accueillons plus d’enfants comme au temps de Benoît. Mais il peut encore suggérer quelques réflexions concernant la place de nos familles dans notre engagement monastique.


         Le rôle central que jouent les parents dans ce chapitre est à cet égard significatif. Nous les voyons écrire eux-mêmes la charte et envelopper celle-ci avec la main de l’enfant dans la nappe de l’autel avec l’oblation. Puisque l’enfant est encore trop jeune, ce sont les parents qui font l’acte d’offrande de leur fils.


         Les recommandations au sujet des biens montrent jusqu’où doit aller le sacrifice consenti par les parents. Ils ne pourront plus avoir prise sur leur fils à travers un don ou un héritage qui lui reviendrait ensuite. Avec l’oblation de leur fils, ils doivent accepter que sa destinée leur échappe.


         En vertu de cet engagement, l’enfant participe au même dynamisme spirituel que les moines adultes. Il va se recevoir totalement de Dieu à travers la communauté, et cela jour après jour !

         Sans vouloir calquer la situation décrite dans ce chapitre au sujet des parents, nous pouvons cependant dégager quelques similitudes.


         Aujourd’hui le jeune adulte s’engage librement, qu’il ait reçu ou non le consentement de ses parents. Et pourtant, c’est un fait, les parents, les frères et les sœurs sont impliqués dans notre profession. Notre engagement leur demande implicitement de consentir à la distance que notre vie demande, et d’accepter une nouvelle manière de vivre les relations.


         S’ils y consentent, ils vont alors découvrir que la relation filiale ou fraternelle n’est pas rompue mais qu’elle peut trouver un autre visage, voire une autre profondeur reçue dans la foi.


         S’ils n’y consentent pas, cela peut conduire à des ruptures (heureusement rares) souvent pénibles.


         De même par rapport aux biens, aux cadeaux, ils doivent apprendre la distance et accepter que la famille qui subvient désormais aux besoins de leur enfant, c’est le monastère, et que les cadeaux et dons appartiennent au monastère.


         Nous le savons d’expérience, nos relations familiales se trouvent modifiées par notre profession monastique. Nos familles sont amenées à faire un chemin qu’elles n’avaient pas imaginé.


         Nous touchons ici la vérité des paroles radicales du Christ sur les difficultés au sein de la famille que pourra rencontrer celui qui se met à sa suite.