29 octobre 2024.
Commentaire RB 33, 1-2
1 Posséder égoïstement est un penchant mauvais. Avant tout, il faut l’arracher du monastère avec ses racines !
2 Personne ne se permettra de donner ou de recevoir quelque chose sans ordre de l’abbé.
Nous avons vu qu’au fondement spirituel du monachisme cénobitique se pose la question de la propriété personnelle, en lien avec la vie communautaire.
Il ne s’agit pas seulement de ne rien posséder en propre, mais aussi et surtout d’un lâcher-prise intérieur, d’une disposition spirituelle pour les objets du quotidien et la vie courante.
Quand saint Benoît parle du vice de la propriété, il renvoie à Cassien qui, autour du thème de l’avarice, en vient à parler du vice de la propriété :
« Plusieurs qui avaient méprisé des fortunes considérables, sommes énormes d’or et d’argent et des domaines magnifiques, se sont laissés, par après, émouvoir pour un grattoir, pour un poinçon, pour une aiguille, pour un roseau à écrire. S’ils eussent regardé constamment à la pureté du cœur, jamais ils ne seraient tombés pour des bagatelles (…). Il s’en trouve qui sont si jaloux d’un manuscrit qu’ils ne sauraient souffrir qu’un autre y jette seulement les yeux ou y porte la main. » (Cassien, Inst. 4,15; Coll 1,6,1)
L’expression vigoureuse de Benoît : radicitus amputandum (le retrancher jusqu’à la racine) fait écho à celle de Cassien :
« Aussi faut-il non seulement éviter de posséder de l’argent, mais même en arracher complètement de l’âme le désir (…). Il ne nous servirait de rien de ne pas posséder l’argent, si nous avions en nous le désir d’en posséder. » (Cassien, Inst. 7,21)
Le verset 1 a réglé son sort à la propriété privée. Le verset 2 rentre dans le concret : il est catégoriquement refusé à un moine de prendre ou de donner quoi que ce soit.
Pour Benoît, il y a un danger d’attenter à l’unité de la communauté, en établissant des niveaux de vie différents entre les moines, entre ceux qui ont des relations et ceux qui n’en ont pas. L’interdiction de posséder et la nécessité que le fait de recevoir ou de donner passe par l’Abbé, sont des conditions indispensables pour préserver la paix.
Commentaire Règle de saint Benoît Prologue 4