10 août 2024.
Commentaire RB 7, 31-33
31 Le deuxième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de détester sa volonté égoïste. Alors il n’aime pas satisfaire ses désirs.
32 Au contraire, il imite par ses actions le Seigneur qui a dit cette parole : « Je ne suis pas venu pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6, 38).
33 On a écrit aussi : « Faire sa volonté entraîne la punition. être obligé d’obéir à un autre fait gagner la récompense » (Actes des Martyrs).
Avec ce second degré de l’humilité, nous est posée la question : où trouvons-nous notre vrai plaisir ?
Benoit parle d’aimer et de se complaire dans l’accomplissement de nos désirs, de notre propre volonté, ou dans l’imitation du Christ qui dit : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle de celui qui m’a envoyé ». Poser ce choix de vie et essayer d’y répondre en vérité, c’est une manière de vivre le 2nd degré d’humilité.
En fait, faire la volonté de Dieu, c’est garder les yeux fixés sur Jésus. C’est apprendre avec lui, à vivre décentré de nous-mêmes. Jésus a vécu décentré, le regard et le cœur orientés vers son Père, dans l’écoute de l’Esprit Saint. Ce qui primait, n’était pas ce qu’il faisait ou devait faire, mais le Père pour qui il accomplissait ses œuvres.
Saint Jean est celui qui a le plus approché le mystère de cette intimité entre Jésus et son Père : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour » (Jn 15 9-10).
La vie de Jésus est une vie décentrée de soi pour être totalement tournée vers son Père. Au cœur de notre expérience humaine, il inscrit ce mouvement profond qui l’anime comme Verbe tourné vers le Père dans l’intimité trinitaire.
Et ceci ne veut pas dire qu’il renonce à sa volonté humaine, comme le concile de Constantinople de 681 le rappellera. Jésus, Verbe fait chair unit sa volonté humaine à sa volonté divine. Dans le désir de faire la volonté du Père, les deux volontés divines, celle du Père et celle du Fils, œuvrent dans un même élan. Le Christ n’a pas de volonté divine propre, au sens où il agirait indépendamment de son Père. Mais lorsqu’il cherche à faire la volonté du Père, il soumet toute sa volonté humaine à sa volonté divine, à la volonté divine du Père.
À la suite de Jésus, la vie monastique nous apprend à vivre décentré de nous-mêmes pour ordonner toute notre volonté à la sienne que nous reconnaissons dans le genre de vie que nous choisissons et dans les paroles que nous recevons… Rendons grâce à Dieu de pouvoir vivre ainsi : apprendre à nous décentrer pour nous recentrer sur son Amour et sur l’Amour de nos frères.
16 août