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3 février

3 février 2025.

Commentaire RB 64, 1-6

1 On donne la charge d’abbé à celui que toute la communauté, animée d’un respect confiant envers Dieu, a choisi d’un commun accord. Ou bien on la donne à celui qu’un petit nombre de moines seulement a choisi, mais avec un jugement plus sage.

2 Celui qu’on va établir comme abbé, on le choisira à cause du mérite de sa vie et de la sagesse de son enseignement, même s’il est au dernier rang de la communauté.

3 Voici ce qui peut se passer, mais espérons que cela n’arrivera pas ! Une communauté se conduit très mal, et tous les moines sont d’accord pour choisir un frère qui approuve leurs penchants mauvais.

4 Quand l’évêque du diocèse où ce monastère se trouve, quand les abbés des monastères voisins ou quand les chrétiens des environs apprennent ce grand mal,

5 ils feront échouer le complot des mauvais moines. Et ils établiront à la tête de la maison de Dieu quelqu’un qui en soit digne.

6 Oui, ils le savent : ils recevront une bonne récompense s’ils font cela avec une intention pure et un ardent amour de Dieu. Au contraire, s’ils sont négligents pour le faire, ils commettent un péché.

Comment choisir l’abbé ?

Saint Pacôme et les moines d’Égypte prévoyaient qu’il soit désigné par le supérieur en place, de même les Pères du Jura, le Maitre… Pour St Basile, le supérieur sera élu par « des prieurs d’autres communautés ». Le Maitre précise encore que si le supérieur décède avant de nommer son successeur, ce soit l’évêque qui désigne le supérieur du monastère. Le Code de Justinien requiert de même que l’évêque choisisse l’abbé. Seul Saint Honorat de Lérins, qui lui-même nomme son successeur, demande à ce dernier que le suivant soit élu par la communauté. En voyant cette diversité de pratiques antérieures à Benoit (Pacôme, Pères du Jura, Basile et Lérins) ou plus contemporaines (comme le Maitre ou Justinien), on mesure la part d’originalité dont Benoît a dû faire preuve.

Cette comparaison fait ressortir aussi la force de conviction de Benoit qui fait délibérément confiance à la communauté. Celle-ci est apte à désigner son supérieur.

Notons que si Benoît mentionne les écarts possibles d’une majorité, voire de la totalité de la communauté, ceux-ci ne sont pas des raisons suffisantes pour lui enlever ce droit à élire son supérieur. Dans ces cas extrêmes seulement devra intervenir l’autorité ecclésiale. 


A propos de cette intervention ecclésiale, notons deux points. Le premier, les moines ne sont pas isolés, mais insérés et membre à part entière de l’Église qui a un droit de regard sur leur vie. Celle-ci est invitée à intervenir, sous peine de péché d’omission, s’il y a des abus à corriger. On retrouve en filigrane l’injonction de Jésus : « si ton frère vient à pécher, va trouver ton frère, puis… dis-le à la communauté … (Mt 18,15-18) ». Le second point est la vision ecclésiale qui se dégage de ces lignes quand Benoit évoque non seulement les évêques, mais aussi les autres abbés et même les chrétiens du voisinage.

Quand il pense Église, il pense tout le peuple de Dieu, pourrait-on dire. C’est toute l’Église qui est prise à témoin et qui est intéressée au bon développement de la vie monastique. Ces deux points demeurent d’actualité encore aujourd’hui, à travers le recours à l’autorité suprême en cas de difficulté, et à travers l’intérêt de tout le peuple de Dieu pour une vie monastique fervente. Ils témoignent de la justesse de la vision de l’insertion ecclésiale de la vie monastique dont est porteuse la Règle. Nous sommes membres à part entière du Peuple de Dieu, portés par lui autant que le portant dans la prière.