11 novembre 2024.
Commentaire RB 36, 1-3
1 Avant tout et par-dessus tout, il faut prendre soin des frères malades. On les servira vraiment comme le Christ lui-même,
2 parce qu’il a dit : « J’ai été malade, et vous êtes venus me visiter » (Matthieu 25, 36).
3 Et : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40).
Dans le texte latin, c’est le mot « malade » qui ouvre ce chapitre (infirmus = infirme).
Dans la Règle infirmus est employé certes pour les frères qui souffrent de maladies corporelles, mais aussi pour les frères qui ont des problèmes de caractère (c’est aussi une infirmité !), pour ceux qui ont commis des fautes, pour ceux qui n’arrivent pas à suivre toute la Règle, à assumer l’ascèse monastique, et qui ont besoin d’une attitude compréhensive de leurs frères.
Ces exceptions valent aussi bien pour le travail que pour les observances monastiques. Pour gérer toutes ces situations (la maladie physique, les problèmes de caractère, le problème du péché, les limites et les infirmités physiques et morales), Benoît parle de « soigner » (curare), c’est-à-dire se pencher sur tous ceux qui ont besoin d’aide et de sollicitude : c’est le devoir de l’Abbé, mais aussi de toute la communauté.
L’urgence de cette sollicitude apparaît dès le verset 1 de ce chapitre par l’expression « Avant tout et par-dessus tout » (ante omnia et super omnia). Le plus important dans notre vie c’est cela, la sollicitude, prendre soin des frères dans leurs difficultés, quelles qu’elles soient, physiques ou morales ; ne pas juger, mais prendre soin.
Le service des malades, dans la Règle, comme dans toute la Tradition monastique, est référé au Christ (J’ai été malade et vous m’avez visité)
. On ne soigne pas d’abord les malades pour des raisons médicales, mais parce que cette attitude nous unit au Christ. Saint Benoît veut affirmer fortement qu’en chaque frère, spécialement chez le frère malade, l’on doit voir le Seigneur lui-même, et servir chaque frère comme le Christ.
Pour cela, il se réfère à Mt 25 et au jugement dernier où le Christ dit être présent dans le frère visité.
On les servira comme le Christ… Servir les malades devient une façon d’obéir à la parole de l’Évangile et de croire que le Christ est présent.
Le verset suivant de Mt 25 que reprend Benoît – « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » – renforce encore ce qui vient d’être dit : le soin des frères malades repose sur un fondement christologique fondamental et impérieux. Nous n’avons pas le droit de nous y dérober.
29 septembre