16 novembre 2024.
Commentaire RB 37, 1-3
1 L’être humain est naturellement porté à être bienveillant envers les vieillards et les enfants, à cause de leur âge. Pourtant la Règle, avec son autorité, doit s’en occuper.
2 Il faut toujours tenir compte de leur faiblesse. Pour la nourriture, on ne les obligera jamais à supporter ce que la Règle a de pénible.
3 Mais, avec eux, on sera plein d’attention affectueuse, et ils pourront manger avant l’heure fixée pour les repas.
Au verset 1, nous avons une sentence où Benoît en appelle à la miséricorde naturelle de la « nature humaine » : « Bien que l’homme soit naturellement enclin à l’indulgence envers les vieillards et les enfants en raison de leur âge, l’autorité de la Règle doit aussi avoir pour eux des égards ».
Saint Basile disait de même que l’on n’apprend pas à aimer son père et sa mère, c’est naturel !
Dire que c’est naturel, c’est dire que la possibilité d’aimer les enfants et les personnes âgées, cela est un don du Créateur qui nous est donné à la naissance. C’est la seule fois dans la Règle que Benoît parle de « natura humana » (nature humaine).
Ceci dit, parfois ce qui est naturel, ce que tout le monde fait naturellement, nous pouvons l’oublier dans la vie monastique. La Règle est là pour nous le rappeler – en d’autres termes, devenir un moine, ne doit pas nous faire oublier l’essentiel « vivre comme des hommes… vivre humainement ».
Ici, Benoît utilise une nouvelle expression qu’il n’utilise pas ailleurs « l’autorité de la Règle » : On pourrait dire que la Règle nous demande avec autorité de vivre humainement, d’aimer les enfants et les vieillards. Négliger un vieillard sous prétexte que l’on a du travail, ce serait perdre de vue notre humanité !
Au verset 2, Benoît accentue cette nécessaire attention aux plus fragiles de la communauté, en employant l’adverbe « toujours ». Au chapitre 72,5 Benoît dira que « les frères supporteront avec une extrême patience les infirmités physiques et morales de leurs frères ».
L’extrême patience dure toute la vie, voilà pourquoi Benoît prend soin de dire que cet amour pour les enfants et pour les vieillards, c’est « toujours » et non pas lorsque l’on y pense ; toujours, c’est chaque jour et à longueur d’année…
Le verset 3 est ici mal traduit en français, le texte latin parle de « pieuse considération » : Benoît demande à ce que l’on ait de la considération pour les enfants et les vieillards !
Il éclaire le mot « considération » par l’adjectif « pius » qui résume l’attitude du chrétien envers Dieu et son prochain. Dans la Règle, il est toujours en lien avec le Christ qui se penche vers l’homme pour le secourir et lui pardonner.
Nous aurons à considérer les plus fragiles de la communauté, parce que le Christ nous a « considérés », nous a aimés et pardonnés.
12 novembre