17 février 2025.
Commentaire RB 69, 1-4
1 Faisons bien attention à ceci : au monastère, personne ne se permettra, en aucun cas, de prendre la défense d’un autre moine ou de faire comme s’il était son protecteur,
2 même s’il est de sa famille, de façon plus ou moins proche.
3 Les moines ne se permettront jamais d’agir de cette manière. En effet, cela peut faire naître des conflits très graves.
4 Si quelqu’un ne tient pas compte de cette défense, on le punira très sévèrement.
Ce chapitre est difficile à entendre. Comment comprendre cette interdiction de Benoît de défendre un frère qui aurait été traité injustement ?
Il convient d’y regarder de plus près en prêtant attention aux deux chapitres qui entourent le chapitre 69.
Au chapitre 68, à propos des choses impossibles… il est dit que le frère doit avoir le courage d’en parler à l’abbé tout simplement.
Au chapitre 70, il est dit qu’un frère ne peut pas se permettre d’en exclure un autre ou de le frapper à cause de ce qu’il a fait.
Ces trois chapitres forment un tout :
Benoît demande aux frères d’avoir le courage de parler à leur Abbé et de lui confier ce qui ne va pas.
Ne pas avoir ce courage et cette foi, par peur, par honte, ou par orgueil, c’est tomber dans le piège du chapitre 69, celui du murmure, celui de parler par-derrière et de former des groupes… Il m’est arrivé plusieurs fois de dire à mes Abbés que je trouvais injuste une décision prise vis-à-vis de tel ou tel frère, cela n’est pas interdit par la règle, c’est même ce que Benoît encourage.
Benoît préconise la parole à l’Abbé, il défend par contre le murmure qui tue la confiance et installe la division.
Refuser de parler à l’Abbé, c’est s’enfermer dans la violence, celle dont la Règle nous parle au chapitre 70 : cela se comprend et c’est même inévitable, le frère qui porte trop de choses sur le dos et dans le cœur, vit des tensions qui sont trop fortes et qui créent des tensions en lui, et autour de lui.
La parole libère le cœur et ouvre souvent des chemins nouveaux, même si je ne suis pas en accord avec la parole de l’Abbé.
Ces quelques explications peuvent nous aider à mieux comprendre ce chapitre 69.
Benoît ne nous demande pas de tolérer l’injustice, mais d’en parler à l’Abbé, même si c’est difficile, voire presque impossible parfois. Aller parler directement à l’Abbé avec humilité, peut parfois éclairer l’abbé comme la réponse de l’abbé peut aussi éclairer le frère.
En revanche, une parole publique, lancée publiquement pour défendre un frère, risque de faire plus de mal que de bien :
- Elle peut diviser la communauté
- Publiquement, l’abbé ne peut pas répondre au frère, car certaines choses ne peuvent pas être dites publiquement
- Le frère concerné lui-même se retrouve avec deux paroles différentes, celle de l’abbé et celle de tel ou tel frère de la communauté.
6 décembre