16 mars 2025.
Commentaire Règle 2, 16-22
16 Dans le monastère, l’abbé ne fera pas de différence entre les moines.
17 Il n’aimera pas un frère plus qu’un autre, sauf s’il en trouve un qui agit mieux ou qui obéit mieux que les autres.
18 Il ne fera pas passer l’homme libre avant celui qui était esclave, sauf pour une bonne raison.
19 Mais si, pour une raison juste, l’abbé pense qu’il faut agir ainsi, il le fera sans tenir compte du rang des frères dans la communauté. En dehors de ce cas, chacun gardera son rang d’entrée au monastère.
20 En effet, esclave ou homme libre, tous nous sommes un dans le Christ (Ga 3, 28) et nous portons tous la charge du même service pour l’unique Seigneur. Non, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes (Ac 10, 34 : Rm 2, 11).
21 La seule chose qui compte à ses yeux, c’est d’être meilleurs que les autres par nos actions bonnes, et d’être humbles.
22 C’est pourquoi l’abbé aimera tous les frères d’un amour égal. Il appliquera les mêmes règles à tous, mais selon les mérites de chacun.
L’on retrouve ici l’injonction faite à l’abbé en termes de « devoir », cette fois-ci, à propos de sa manière d’aimer les frères.
« L’abbé doit donc témoigner une charité égale à tous, avoir les mêmes exigences dans tous les cas ». Même charité et même exigence pour tous. Les mêmes exigences pour tous sont données principalement par la règle commune.
Il y a parfois des exceptions que l’abbé doit considérer afin de tenir compte des personnes et de leur situation.
Plus difficile est d’avoir une même charité pour tous. Ici les mots que Benoit utilise peuvent nous aider. Quand il demande : « l’abbé n’aimera pas l’un plus que l’autre », il utilise le verbe « amare ». Quand il conclue : « L’abbé doit donc témoigner une charité égale à tous », il utilise le mot « caritas ». « Amor, amare » d’un côté, « caritas » de l’autre.
L’amour, « amor », nous fait spontanément préférer un frère à un autre. Nous ne maitrisons pas ce premier mouvement. Nous portons cette limite d’être plus « touché » par la situation d’un frère que par celle d’un autre et de lui donner davantage d’attention. C’est humain.
Mais Benoit invite l’abbé à aller plus loin, à vivre de la « charité » qui est le nom que l’on donne à l’amour lorsqu’il vient de Dieu. Aimer tous les frères de façon égale.
La charité répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint est ce dynamisme qui élargit notre capacité spontanée à aimer. Elle pousse les barrières que nous mettons instinctivement à notre amour, pour nous protéger ou pour rester confiner dans des relations faciles…
Dans la lumière de cet amour-charité, chaque frère a sa place. C’est une place unique et précieuse, la place qu’il a aux yeux de Dieu. L’abbé est appelé à entrer dans ce regard de Dieu sur ces hommes confiés à sa responsabilité. Il est entrainé à se faire serviteur de l’amour de Dieu pour chacun, sans faire acception de personne. Serviteur d’un amour qui veut faire grandir ; un amour qui porte en lui un germe infini d’amour et de vie. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint en chacun.
29 septembre