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15 février 2025.

Samedi de la 5ème Semaine du Temps Ordinaire

Mc 8, 1-10

Chez Marc, comme chez Matthieu, nous avons deux fois le récit de la multiplication des pains (Mc 6,30-44 et 8,1-10 ; Mt 14,13-21 et 15,32-39).

Le premier récit (Mc 6,30-44) se déroule en territoire galiléen. Le geste de Jésus y rappelle le don de la manne au désert (Ex 16) : Jésus prit les cinq pains et les deux poissons ; il leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les offrent aux gens. Quant aux deux poissons, il les partagea entre tous. (Mc 6,41). Dans ce premier récit, les paroles de Jésus trouvent un écho dans le récit du dernier repas avec ses disciples : Pendant le repas, Jésus pris du pain, prononça la bénédiction, rompit le pain et le leur donna… (14,22). En d’autres termes, l’évangéliste donne ici une clé de lecture de l’événement qui est un prélude au repas du Seigneur ou à l’eucharistie. Avec ce récit, Marc « n’écrit pas seulement pour rappeler des faits anciens, il écrit pour montrer l’actualité même du don de la vie par Jésus ».

Un détail à la fin du récit – les restes qui remplissent douze paniers – signifie à la fois l’abondance et indique que ce geste, que nous reprenons à chaque eucharistie, concerne l’ensemble du peuple de Dieu (douze est le nombre des tribus d’Israël).

En revanche, le deuxième récit (Mc 8,1-10) survient en territoire païen. La symbolique des nombres change. Des cinq pains et deux poissons (premier récit), on passe à sept pains et les restes remplissent autant de corbeilles. Le texte nous dit aussi que Jésus « rend grâce », ce qui traduit donc le verbe grec eucharistein d’où vient notre mot eucharistie. La référence au repas du Seigneur est encore explicite mais la symbolique du chiffre sept, la perfection, nous amène à comprendre que le geste concerne ici toutes les nations, pas seulement Israël.

L’évangéliste Marc a donc choisi délibérément de reproduire deux récits semblables pour montrer que le repas du Seigneur n’est pas réservé aux chrétiens issus du judaïsme mais que ceux et celles qui viennent du monde païen sont aussi invités à y prendre part. Il faut se rappeler que les premiers disciples étaient attachés aux règles alimentaires du judaïsme et que le partage du repas du Seigneur a provoqué des tensions dans plusieurs communautés. Le livre des Actes des apôtres en garde des traces (voir Ac 15) et la solution proposée par Marc s’inspire de l’enseignement de Jésus. Entre les deux multiplications des pains, l’évangéliste a inséré cet enseignement du Chrit : Rien de ce qui pénètre de l’extérieur dans l’homme ne peut le rendre impur […] ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur […] (7,17-23) 

Tous peuvent donc prendre part au repas du Seigneur sans se soucier des règles du pureté de l’ancienne Alliance.

Dans le second récit de l’Évangile d’aujourd’hui, en terre païenne, Jésus voit qu’une foule est auprès de lui depuis trois jours et qu’ils n’ont pas de quoi manger. Il en a compassion : « ils vont défaillir en chemin et certains sont venus de loin. » Il avise les disciples qui se demandent : Qui pourra rassasier de pains en plein désert ?


           A quoi le Christ nous appelle-t-il dans les déserts de nos aujourd’hui ? C’est un pressant appel qu’il nous lance, celui de croire que dans une vie donnée en humbles gestes, chaque dimanche, chaque jour, il verse en nos mains le Pain pour que nous l’offrions à une foule affamée de tendresse et de pain, de justice et de paix.