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12 février

12 février 2025.

Commentaire RB 67, 1-3

1 Les frères qui doivent partir en voyage demandent pour eux la prière de tous les frères et de l’abbé.

2 Et, à la dernière oraison du Service de Dieu, on priera toujours pour tous les absents.

3 Quand les frères reviennent de voyage, le jour même de leur retour, à toutes les Heures, à la fin du Service de Dieu, ils se prosternent à terre dans l’oratoire.

Ici commence ce que l’on peut appeler « l’appendice de la Règle ». Une demi-douzaine de chapitres ajoutés à celui du portier, qui était primitivement le dernier.

La demande de relire régulièrement la Règle, en était la conclusion. La première des questions traitées est celle des voyages : Après la porte du monastère, le franchissement de cette porte, au départ et au retour. 


Saint Benoit n’a pas écrit sa Règle pour des moines pèlerins. Il se méfie des gyrovagues. Le vœu de stabilité est au cœur de la conversion monastique.

Pourtant, être moine, c’est entrer dans une dynamique du voyage, du déracinement permanent, de l’exil, de l’exode pour suivre le Christ. Le dynamisme de la conversion.

Mais être moine c’est aussi apprendre qu’il ne sert à rien de courir le monde : C’est le cœur qui doit se mettre en route. L’important n’est pas de bouger, mais d’être vivant, d’avoir le cœur vivant. 
Il n’est pas utile de s’agiter, comme les gyrovagues pour qui le seul point stable est leur volonté propre. Ils fuient toute occasion de se convertir. Ce voyage auquel nous sommes invités ne nous mènera pas au bout du monde. Notre pèlerinage est intérieur.

Le désert que nous avons à traverser est au-dedans de nous. Essayer de se rendre disponible, chercher la liberté du cœur, être à l’écoute de Dieu, de sa volonté sur nous aujourd’hui.


Si nous confondons l’invitation au voyage que le Seigneur nous adresse avec nos démangeaisons de changement, nous passons à côté de l’essentiel. Nous risquons d’avoir couru en vain. C’est pour cela que Benoit n’aime pas trop les voyages. Il ne veut pas que nous prenions l’ombre pour la réalité.


Angelus Silesius, un mystique allemand du XVIe siècle a écrit une phrase qui résume bien la position de Benoît : « Il y en a qui vont dans de lointains pèlerinages; ils processionnent autour du temple sans entrer dans le sanctuaire. Mais moi, je vais en pèlerinage vers l’ami qui demeure en moi. »