5 mars 2025.
Commentaire RB Prologue 21-22
21 C’est pourquoi prenons pour ceinture la foi et la pratique des actions bonnes (Ep 6, 14- 15). Laissons-nous conduire par l’Évangile et avançons sur les chemins du Seigneur. Alors nous mériterons de le voir, lui qui nous appelle dans son Royaume (1Th 2,12).
22 Si nous voulons habiter chez lui, dans son Royaume, le seul moyen, c’est de courir, et nous courons quand nous faisons des actions bonnes. Sinon, nous n’y parviendrons jamais.
Benoît nous propose une image pour décrire le parcours de la vie monastique, celle de la ceinture.
C’est bien sûr une allusion empruntée à saint Paul dans l’Épitre aux Éphésiens, mais ici cette image sert à décrire le fait d’avancer. De fait dans le monde romain, le paysan portait une tunique sur laquelle était posé un tablier pour protéger la robe, la tunique. Et une ceinture attachait le tablier à la robe. C’est notre habit monastique actuel : le tablier est devenu au fil des siècles le scapulaire et la ceinture attache aujourd’hui la robe au-dessus de laquelle flotte le scapulaire. Mais, à l’origine, la ceinture maintenait le scapulaire collé à la tunique afin de pouvoir marcher et travailler plus facilement.
Or, cette ceinture qui permet de marcher c’est la foi et nos gestes d’amour nous dit Benoît. Le moine pour avancer dans la vie a besoin de croire et d’aimer.
La route, c’est l’Évangile. Lorsque nous vivons l’Évangile, nous sommes assurés d’être sur les chemins du Seigneur et ce chemin nous conduit à Lui qui nous appelle ; si nous prenons ce chemin, un jour, nous le trouverons et nous le verrons face à face.
Cette route que nous prenons, ce n’est pas une marche tranquille et lente, c’est une course nous dit Benoît. Il nous dit même que si nous voulons le voir, le seul moyen (c’est-à-dire qu’il n’y en a pas d’autres), c’est de courir.
Benoît qui n’aime pas trop l’agitation et veut plutôt une vie organisée s’explique : courir dit-il, c’est aimer. L’amour est toujours urgent, celui de Dieu comme celui des frères. L’amour nous décentre de nous-mêmes et nous met toujours sur cette route de l’Évangile qui conduit au Christ. L’amour nous dérange, nous bouscule, nous sort de nos petites habitudes routinières.
Concrètement, l’amour, neuf fois sur dix, c’est d’accepter l’imprévu, le service supplémentaire… et c’est pour cela qu’il nous oblige parfois à courir.
Ne rêvons pas trop d’une vie monastique qui serait toujours calme et paisible, ce ne serait pas la route de l’Évangile. La route qui conduit au Christ sollicite toujours notre cœur et nous dépossède de nous-mêmes.
On comprend alors pourquoi Benoît attache une telle importance à l’obéissance, car l’obéissance nous bouscule toujours pour nous faire prendre cette route-là et nous sortir de nos petites impasses tranquilles qui nous arrangent mais ne mènent nulle part.
7 août