18 novembre 2024.
Commentaire RB 38, 5-6
5 Pendant le repas, on garde un silence complet. Ainsi on n’entend personne parler à voix basse ou à voix haute, on entend seulement celui qui lit.
6 Pour la nourriture ou la boisson, les frères se servent les uns les autres. Alors personne n’a besoin de rien demander.
Saint Benoît reprend ce qui lui tient à cœur : le repas est pris dans un profond silence et il précise, on n’entend aucun chuchotement. On sent qu’il y a là quelque chose qui tient à l’essence de la Règle et de notre Tradition.
Il reprend ici un argument qui se retrouve – on l’a vu – dans la Tradition monastique – éviter tout désordre, dispute, plainte, critique par rapport à la nourriture, etc… Il y a donc aussi un enjeu communautaire dans cette question.
En écoutant la lecture, en préservant le silence, on ménage un espace ouvert pour rassembler tous les membres dans un même propos spirituel, comparable à celui de la liturgie et de l’Office.
L’autre aspect est qu’en préservant le silence, le moine est rendu perméable à ce qui parvient à ses oreilles et qui le nourrit tout autant que la nourriture (ce qui suppose bien-sûr que le lecteur se fasse entendre et comprendre). Le silence du repas, comme celui de l’Office s’apparente on l’a vu à celui de l’Office. Le silence dans la vie cénobitique s’apparente à l’écoute communautaire de la Parole de Dieu et, plus largement, à l’écoute de Dieu.
Au verset 6, Benoît précise que l’écoute de Dieu ne doit pas nous détourner de l’attention mutuelle des frères, de ses besoins personnels (eau, sel, piment, plat…) Avoir l’oreille attentive à la lecture et à Dieu, n’empêche pas le chrétien d’avoir les yeux ouverts aux besoins des autres. Ce n’est pas seulement une question de politesse ; Benoit ici est cohérent avec l’insistance qui est la sienne sur le service mutuel, attitude fondamentale de la vie chrétienne.
26 août