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12 août

12 août 2024.

Commentaire RB 7, 35

35 Le quatrième échelon de l’humilité pour un moine, c’est, dans ce chemin de l’obéissance, de s’attacher très fort à la patience, avec un cœur qui garde le silence, même quand on lui commande des choses pénibles et contrariantes, même s’il faut souffrir l’injustice.

Après avoir parlé de l’obéissance à un supérieur comme troisième degré de l’humilité, Benoît en vient au quatrième degré d’humilité de la patience, du silence humble (qui s’oppose au murmure), de l’acceptation d’ordres difficiles et contrariants, et même de situations d’injustice.

Comment comprendre cela ?

Notre engagement lors de la profession monastique a été d’accepter de renoncer à notre volonté propre pour obéir au Christ en obéissant à un abbé.

Benoît prévoit dans la Règle que l’Abbé ne décide rien avant d’avoir écouté les frères et que ses ordres ne doivent pas être arbitraires, il prévoit aussi que le frère lui exprime ses difficultés et ses incompréhensions, il n’en reste pas moins vrai que la décision finale appartient à l’abbé et que cette décision ne pourra jamais satisfaire tout le monde.

Etre moine, c’est alors accepter dans la paix ce qui a été décidé.

Parfois, il arrive souvent que le diable s’empare de notre imagination et que nous pensons que nous ne sommes pas aimés, que nous sommes mis de côté, que nous ne sommes pas écoutés.

Il arrive aussi que l’Abbé ne sache pas s’y prendre avec un frère et qu’il le blesse involontairement ou qu’il passe à côté de sa situation.

Benoît ne dit pas ici que l’abbé a raison ou que le frère a raison, sur le plan où il se situe cette question ne l’intéresse pas ; il dit seulement que devenir humble, c’est-à-dire être configuré au Christ passe par l’acceptation en toute conscience du silence intérieur, de dépassement dans l’amour du Christ. Or, il est impossible de devenir humble, de devenir moine, si l’on ne consent pas à passer par ces moments difficiles.

L’obéissance monastique ce n’est pas seulement le fruit d’un échange et d’un consensus entre le frère et l’Abbé, mais parfois aussi dans l’accueil d’une parole contraire à celle que j’attendais, dans une parole que je ne comprends pas et qui me dépasse.

Il arrive souvent que l’Abbé a longtemps réfléchi, prié, écouté, avant de demander ou de dire une parole à un frère. Si le frère lui répond par la négative, par la colère, par sa volonté propre, par ses peurs et ses refus de s’engager, l’Abbé peut insister mais il ne peut pas le lui imposer.

Il renonce à sa décision, non pas par faiblesse, mais par le refus de la foi.

Il va chercher une autre solution, mais le frère qui a refusé d’obéir s’est privé d’une occasion de grandir dans la foi et dans la configuration au Christ.

Aujourd’hui, et plus encore en Afrique de l’Ouest qu’en Europe, avec tous les évènements politiques qui ont été vécus ces dernières années dans nos pays, les supérieurs soulignent la difficulté pour beaucoup de jeunes d’entrer simplement et humblement dans l’obéissance.

Il faut en tenir compte et il est important de s’adapter à cette nouvelle culture, il ne faut pas pour autant renoncer à l’obéissance car ce serait renoncer à l’humilité et au chemin monastique. J’invite chacun à s’interroger sur ce point auquel il s’est engagé le jour de sa profession monastique : suis-je prêt à dépasser mes points de vue, mes conceptions, mes projets, pour entrer dans l’aventure de la foi ? Cette question n’a rien à voir avec l’affection pour l’Abbé ou pour le Prieur, elle relève de l’amour du Christ.