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Samedi de la 11ème Semaine du Temps Ordinaire (Mt 6, 24-34)

22 juin 2024.

Nous sommes toujours dans ce long discours de Jésus sur la montagne (Mt 5-7).  Matthieu rapportait comment Jésus s’appropriait la Loi non pour la détourner mais pour lui redonner son sens. La Loi, parole d’Alliance, fait entrer le croyant dans la logique du Royaume du Père, son véritable trésor. Il ne s’agit plus d’obéir d’abord à la Loi pour être aimé du Père, mais au contraire, c’est la vie filiale aimée du Père qui devient la source de toute vie croyante. Ce qui suppose donc un choix de vie.

Vaut-il mieux être un croyant pauvre ou un athée riche ? je caricature. Le choix n’est pas tant entre la foi et l’argent, que dans la priorité donnée à l’un sur l’autre.

On ne peut réduire le mot argent à son seul sens premier. Derrière ce terme, ce sont les valeurs mondaines qui sont désignées. Celles où, en ce premier siècle – mais est-ce encore différent aujourd’hui ? – la richesse, la réussite économique, le statut social pouvaient être considérés comme LE vrai ‘salut’. Ce que recherchent les païens dira-t-il plus loin. Beaucoup encore rêvent de gagner plus pour s’offrir le bonheur. Là encore, nous sommes dans la critique d’une logique d’accumulation.

Ne vous souciez pas… Ces paroles de Jésus ne sont pas de l’ordre d’une foi naïve en la Providence. Elles témoignent justement que le croyant doit vivre non d’une accumulation de ses biens, mais de la réception du don de Dieu. La foi devient le choix d’un salut que Dieu seul peut offrir.

C’est donc la soi-disant valeur salvifique et unique de la réussite terrestre qui est ici critiquée. Une critique à l’adresse des croyants chrétiens. Il y a un choix à faire, une priorité à donner. Servir Dieu, l’Évangile, servir ses frères, les plus fragiles… ou se servir. La Parole de Jésus ne promet pas le paradis aux uns et l’enfer aux autres. Elle suppose un choix, laissant le croyant à son discernement. Jésus suscite la liberté. C’est là qu’il nous montre et révèle tout l’amour du Père dont l’Écriture elle-même témoigne :

Dt 30,19-20 Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.

Faut-il vivre dans cette insouciance naturelle des oiseaux et des lis ? Et attendre que le Seigneur pourvoie à nos repas et nos vêtements ?

Depuis le début de ce discours de Jésus sur la montagne, nous avons entendu maintes fois, un langage imagé et parfois parabolique. Un langage très ‘oriental’. De fait, avec nos esprits cartésiens, nous nous fixons sans doute trop vite sur les expressions : ne pas se soucier, nourrir, boire, se vêtir et minimisons les mots ‘valeur’, ‘Père’, ‘justice’.

Jésus met en avant la prévenance immense du Père. Celui qui a, en sa création (Gn 1), pourvu à la vie et au bien et leur déploiement. Ainsi la véritable valeur n’est pas dans la possession, mais dans la créature elle-même.

Les disciples sont aimés et sauvés, non en raison de leurs possessions, mais en vertu de ce qu’ils sont : les enfants de ce Père. Jésus nous invite à orienter nos vies vers cette prévenance paternelle (et non paternaliste) de Dieu, son don, plutôt que vers une course effrénée à la richesse. 

S’il faut courir c’est vers le Père et sa justice appelée miséricorde ou pardon. S’il faut boire et se nourrir pour donner sens à sa vie, c’est de sa Parole. S’il faut se vêtir du plus beau vêtement, c’est de sa charité.