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Commentaire RB 4, 75-78

31 juillet 2024.

75 Voilà les outils qui aident à travailler selon l’Esprit de Dieu.

76 Si nous les utilisons sans arrêt, jour et nuit, et si nous les rendons à Dieu au jour du jugement, alors, en échange, le Seigneur nous donnera la récompense promise.

77 ce que personne n’a jamais entendu, voilà ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1Co 2, 9).

78 Et l’atelier où nous ferons ce travail avec soin, c’est la clôture du monastère où nous restons pour toujours avec la même communauté.

Pour terminer cette méditation du chapitre 4 de la Règle de saint Benoît, il peut être utile de porter notre réflexion sur une dimension de la vie spirituelle chère à saint Benoît : la dimension du désir.

Ce Dieu qu’on doit aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces, c’est le début de ce chapitre, on ne le possède pas encore.  On ne peut que le désirer, d’un désir qui est une tension de tout l’être vers l’objet aimé.  C’est pourquoi le verset qui constitue en quelque sorte le sommet de ce chapitre est le verset 46 : vitam aeternam omni concupiscentia spiritali desiderare – « Désirer la vie éternelle d’une ardeur toute spirituelle ».

Il y a une grande différence entre « besoin » et « désir ».  Prenons l’exemple de la faim. Lorsque je prends de la nourriture et la consomme, je la fais mienne ; elle devient partie de moi-même.  Je la détruis et elle détruit ma faim.  Après quoi, la tension – le besoin – n’existe plus.  Dieu nous a créés avec beaucoup de besoins (c’est une des beautés de notre être créé), et aussi avec la capacité – et la responsabilité – de répondre à nos besoins.  Nous avons en commun avec le reste de la création la plupart de ces besoins.

Mais en tant qu’êtres humains, créés à l’image de Dieu, et appelés à participer à sa nature divine, nous avons quelque chose de plus.  Même si un jour nous arrivions à satisfaire absolument tous nos besoins, nous aurions encore cette tension vers quelque chose de plus, vers un surplus d’être que nous ne pouvons que recevoir comme pur don.   

Si nous sommes attentifs à cette distinction entre « besoin » et « désir », nous pouvons dire que nous n’avons pas besoin de Dieu, car Dieu ne peut jamais être l’objet (même pas l’Objet avec un grand « O ») de nos besoins.  Nous ne pouvons pas saisir Dieu, nous ne pouvons pas le faire nôtre et le transformer en nous-mêmes.  Il peut cependant – et Il doit – être l’Objet de notre désir.  Nous ne pouvons même pas naître à la vraie vie sans ce désir. 

La longue série de prescriptions du chapitre 4 de la Règle de saint Benoît « … ne pas voler, ne pas convoiter… aimer le jeûne… visiter les malades.. dire la vérité… ne pas être gros mangeur … s’adonner fréquemment à la prière… »   montre bien que, pour Benoît, cet intense désir de Dieu n’est pas une expérience mystique occasionnelle et furtive.  Il s’insère dans toute l’épaisseur de notre vie humaine de tous les jours.