9 juillet 2024
20 Se rendre étranger aux actions du monde.
Voilà un instrument qu’il faut bien savoir manier si l’on ne veut pas mal l’utiliser. Il ne s’agit pas de prendre un couteau pour enlever des vis ; l’on peinerait beaucoup et l’on abimerait le couteau. C’est alors un tournevis qu’il faut utiliser.
Cet instrument sera mal utilisé s’il est compris dans le sens du mépris du monde. Il ne ferait alors que conduire à un positionnement autant stérile qu’illusoire. Tout moine que nous sommes, nous restons dans ce monde et nous en sommes largement bénéficiaires.
Chez Benoit, dans les usages répétés dans la Règle (RB 64,1 ; 7,8), le mot « monde » n’a pas la connotation négative lié au péché ou à la réalité des ténèbres que l’on trouve parfois. Il désigne ce monde d’ici-bas avec toutes ses contingences, ses activités nécessaires et ses relations. Dieu aime le monde et son Fils est mort et ressuscité pour que ce monde soit sauvé.
Il ne s’agit donc pas de se désintéresser de ce qui se passe dans le monde.
Ceci dit, le monde a un esprit par rapport auquel le moine veut se garder à distance, comme Benoit le suggère à propos des sarabaïtes qui « par leurs œuvres restent encore fidèles au siècle » (RB 1,7).
Comment entendre cela « se rendre étranger aux actions du monde » aujourd’hui ? C’est à chacun de s’interroger à ce sujet : suis-je libre par rapport au regard des autres ? Suis-je libre par rapport à ma famille, à la fois présent à eux et distant aussi ? Suis-je libre par rapport aux médias ? Suis-je libre dans ma relation aux femmes ou bien suis-je parfois un peu consciemment ou inconsciemment un peu dragueur ou séducteur ? Suis-je libre par rapport à la nourriture qui m’est servi ?
On pourrait multiplier ces questions à l’infini. Chacun doit connaître son combat pour vivre cet élément capital de notre vie. Il y a une chose qui peut beaucoup nous aider pour y parvenir : gardons précieusement nos temps réservés à la prière et à la lectio. Soyons des hommes vraiment engagés dans la recherche de Dieu.
16 août