16 août 2024.
Commentaire RB 7, 51-54
51 Le septième échelon de l’humilité pour un moine, ce n’est pas seulement de dire avec la bouche : « Je suis le dernier et le plus misérable de tous », c’est aussi de le croire du fond du coeur.
52 Le moine se fait petit et dit avec le Prophète : « Et moi, je suis un ver et non pas un homme. Les gens se moquent de moi, le peuple me rejette » (Ps 21, 7).
53 « Je me suis élevé, puis on m’a abaissé. et je suis couvert de honte » (Ps 87, 16).
54 Le Prophète dit encore : « Tu m’as abaissé. Pour moi, c’est une bonne chose. Ainsi, j’apprends tes commandements » (Ps 118, 71).
« Il m’est bon que tu m’aies humilié… »
Étonnante prière qui jaillit du cœur du psalmiste et qui poursuit : « pour que j’apprenne tes commandements … » (Ps118, 71).
Étonnante découverte et déconcertante au premier abord. Benoît la reprend à son compte pour illustrer l’état intérieur d’un moine, qui peu à peu entre en lui-même, pour aller jusqu’à l’intime de son cœur, humblement…
L’humilité entrevue ici n’a rien à voir avec un précepte auquel il faudrait se conformer ou comme un but à atteindre à force d’effort.
Elle se présente plutôt comme un fruit à recueillir parce qu’on constate qu’il est mûr. Le fruit d’un cœur contrit, profondément tourné vers son Dieu dans la reconnaissance du Salut qui est entrain de s’opérer en lui. Et cette reconnaissance n’a rien de morbide ou de mortifère…
Elle manifeste au contraire une voie nouvelle qui s’est ouverte au plus profond de l’être : « Il est bon que tu m’aies humilié pour que j’apprenne tes commandements » car « avant d’avoir souffert, je m’égarais » disait le même psalmiste 4 versets auparavant.
Tout se passe comme si l’humiliation éprouvée avait permis au cœur de s’ouvrir plus profondément à la main tendue de Dieu … à une obéissance plus filiale à ses préceptes.
Et de quelle humiliation s’agit-il ? Certainement pas d’une quelconque action sadique de la part de Dieu. Mais peut-être davantage de ces situations répétées où l’on bute sur nos limites, sur nos faiblesses ou sur nos impuissances. Voilà ce qui nous humilie plus que toute chose. Sur notre chemin spirituel, de telles humiliations ne manquent pas : l’incapacité de vivre des relations paisibles, les difficultés de nous convertir, de persévérer dans tel aspect de notre vie, nos impatiences, nos échecs de relation de travail…
Ce matin, St Benoît nous apprend à les regarder, non plus comme des fatalités, mais comme des occasions de nous retourner plus profondément vers notre Père qui est là pour nous tendre la main… à nous qui pensons si souvent nous suffire à nous-mêmes… Avec le psalmiste, nous pouvons dire en vérité : « Je suis à toi, Seigneur, sauve-moi car je cherche tes préceptes… » (Ps 118,94).
3 décembre