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Commentaire RB 4, 13

5 juillet 2024.

13 Aimer le jeûne.

Cet instrument se présente comme beaucoup d’autres dans ce chapitre sous la forme infinitive. Il n’est pas à l’impératif pour nous commander d’aimer le jeûne, seulement à l’infinitif.

Il est là dans notre trousse à outils, comme un instrument disponible pour nous faire entrevoir quelque chose, nous montrer une direction dans laquelle nous pourrons nous engager avec profit si nous le voulons.

Cet instrument veut donc nous faire entrevoir qu’il y a quelque chose d’aimable dans le jeûne. Et qu’y a-t-il qui peut être aimable dans cette pratique qui vient nous prendre à rebrousse-poil de nos inclinations naturelles ?

Le jeûne nous oblige à nous confronter au manque. Manquer nous fait souvent peur. Le jeûne en effet n’est qu’une pratique parmi d’autres à notre disposition pour apprendre à nous laisser creuser. Le célibat consenti, la distance par rapport à la famille, par rapport aux médias, la simplicité de notre style de vie, toute notre vie monastique veut nous entraîner à faire place, à être libre et disponible.

Nous sommes ici pour laisser se creuser un espace, espace intérieur du cœur offert à Dieu dans la prière, espace intérieur ouvert aux autres dans la charité.

La question qui nous est posée ce matin pourrait être : « est-ce que nous subissons en traînant les pieds, notre discipline monastique qui veut nous creuser, ou est-ce que nous l’aimons et nous y appliquons, même si ce n’est pas facile tous les jours ? »

La vie de familiarité avec Dieu et la vie de charité avec nos frères est à ce prix : aimer nous laisser creuser par l’Esprit Saint et par le détachement de nous-même. Il nous est demandé de consentir à ce travail spirituel qui nous creuse… y consentir en aimant la pédagogie de notre vie monastique.

Que l’Esprit Saint nous donne la main pour avancer sans peur sur ce chemin qui nous creuse et nous libère !

En éprouvant le manque, en touchant du doigt les limites de notre autonomie, nous pourrons réapprendre notre dépendance foncière à l’égard de Dieu.

De lui, l’Auteur de la vie nous recevons tout. Sans lui, nous ne sommes rien. Le jeûne nous donne de l’expérimenter de manière très concrète. Si l’exercice de jeûner peut nous réapprendre cette foncière et heureuse dépendance, il n’aura pas été vain. Il aura alors peut-être creusé en nous le repentir, cet élan filial qui nous tourne plus simplement et plus librement vers notre Père. C’est là que le jeûne peut devenir aimable : quand il nous donne de vivre plus librement et plus heureusement cet élan vers notre Père.