22 juin 2024.
23 Dans son enseignement, il doit toujours pratiquer la règle de l’apôtre Paul : « Fais des reproches, encourage, menace » (2 Timothée 4, 2).
24 Voici ce que cela veut dire : l’abbé change sa façon de faire en tenant compte des moments et des personnes. Il est à la fois doux et exigeant. Il est sévère comme un maître ou affectueux comme un père.
25 Il doit faire des reproches plus durs à ceux qui n’obéissent pas et à ceux qui ne se tiennent pas tranquilles. Mais ceux qui obéissent, qui sont doux et patients, il les encourage à faire encore des progrès. Pour les négligents et pour ceux qui sont pleins de mépris, nous avertissons l’abbé : il doit les menacer et leur faire des reproches.
26 L’abbé ne fermera pas non plus les yeux sur les fautes de ceux qui se conduisent mal. Dès que ces fautes commencent à paraître, il les arrache avec leurs racines, pendant que c’est encore possible. Qu’il se rappelle le malheur d’Éli, le prêtre de Silo ! (1 Samuel 2, 27-34).
27 Les moines qui sont mieux disposés et qui comprennent, l’abbé les corrige par des paroles, en les avertissant une ou deux fois.
28 Mais ceux qui sont méchants, durs et orgueilleux, ceux qui refusent d’obéir, dès qu’ils commencent à faire le mal, il les empêche de continuer. Pour cela, il leur donne des coups, ou bien il punit leurs corps d’une autre façon 1. En effet, il connaît cette parole de la Bible : « Le fou, ce n’est pas avec des paroles qu’on le corrige » (Proverbes 29, 19).
29 Et aussi : « Frappe ton fils avec le bâton. Ainsi tu sauveras sa vie de la mort » (Proverbes 23, 14).
30 L’abbé doit toujours se rappeler ce qu’il est. Il doit toujours se rappeler le nom qu’on lui donne et savoir ceci : « Plus on confie de biens à quelqu’un, plus on lui demande de comptes » (Luc 12, 48).
Ces quelques versets de la Règle commentent le verset de 2 Tim 2, 4 : « Fais des reproches, encourage, menace » qui est le premier verset de ce passage lu ce matin.
Au verset suivant, il est dit : « L’abbé change sa façon de faire en tenant compte des moments et des personnes », la suite explique les diverses attitudes de l’Abbé qui varient en fonction des moments et des personnes.
Rappelons-nous que la mission première que Benoît confie à l’abbé est de ne pas laisser de côté un frère qui va à la dérive, mais de tout faire pour l’aider ; il doit agir comme un médecin chirurgien qui fait tout, qui essaye tout ce qui est possible pour aider un malade à guérir.
Certains moyens que préconise ici Benoît ne seraient pas possible aujourd’hui culturellement, en particulier le fait de frapper. Ceci dit, il y avait dans la communauté de Benoît des anciens soldats rebelles qui étaient marqués par le pillage et la violence et qui ne comprenaient peut-être que ce langage…
En lisant ces versets, nous comprenons que le rôle du supérieur dans une communauté monastique n’est pas de laisser les frères tranquilles, sinon le Seigneur lui demandera des comptes : qu’as-tu fait pour ton frère ? Conseiller certes, mais aussi parfois reprendre, faire des remarques, c’est la mission de l’abbé et, en entrant en monastère, nous avons accepté que, pendant toute notre vie, chacun de nous sera ainsi bousculé dans sa vie par l’obéissance afin de faire de nous des hommes humbles, disponibles à l’œuvre de Dieu.
15 septembre