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Commentaire RB 2,31-32

23 juin 2024.

31 Voici encore ce qu’il doit savoir : la responsabilité qu’il a est bien difficile et pénible ! Il s’agit à la fois de conduire des personnes et de se mettre au service de leurs caractères différents, c’est-à-dire être doux avec celui-ci, menacer celui-là, obtenir l’accord d’un troisième.

32 L’abbé s’adaptera à tous et changera sa façon de faire selon les dispositions et l’intelligence de chacun. Alors il n’y aura pas de perte dans le troupeau que Dieu lui confie. Mais, bien mieux, l’abbé sera dans la joie parce que ce bon troupeau grandit.

            Pour Benoît, l’Abbé ne doit pas conduire une communauté comme un général conduit son armée, mais plutôt à l’image du Christ qui rassemble des hommes et des femmes très différents, pour en faire un peuple, une communauté.

            L’unité de la communauté chrétienne relève de la capacité de chacun à se reconnaître aimé par le Christ d’un amour unique et particulier. Les frères ne sont pas ensemble parce qu’ils se sont choisis ou parce qu’ils ont choisi l’abbé, mais parce que le Christ les a choisis et les a aimés. « Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit ; tu m’as saisi, et tu as réussi » dit le prophète Jérémie. Voilà le fondement de la communauté monastique.

            L’Abbé n’est pas le Christ, il n’a pas à chercher à attirer à lui, mais il doit par ses paroles et par ses actes, en tant qu’il tient la place du Christ, voir en chaque frère un être unique ; redire à chaque frère, à longueur de vie, et surtout dans les moments difficiles, que le Christ l’aime comme il est.

            Il doit certes parfois reprendre le frère, l’aider à changer, mais il doit surtout porter sur lui le regard sauveur du Christ et non pas le regard de la Loi.

            L’unité de la communauté repose sur ce fondement : que chaque frère se sache aimé du Christ tel qu’il est, avec ses dons, avec ses limites, avec son péché, avec sa sainteté.

            Cette mission de l’abbé est une chose « difficile et rude » dit Benoît. De fait, la pente naturelle d’un responsable (quel qu’il soit) est de vouloir que tous, comme un seul homme, obéissent à ce qui est demandé…

            Demander quelque chose à la communauté, et voir un frère agir autrement, nécessite souvent que l’abbé reprenne le frère, mais surtout qu’il cherche à comprendre la raison profonde de son refus, qu’il soit humble et patient comme l’est le Christ avec lui … c’est plus difficile !

            Pourtant, c’est la seule condition qui permet à chacun de progresser, d’avancer à son rythme, c’est la condition qui permet l’unité de la communauté bénédictine.