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7 août

7 août 2024.

Commentaire RB 7, 10-18

10 Le premier échelon de l’humilité pour un moine, qui a toujours devant les yeux le respect confiant envers Dieu, c’est de fuir absolument l’oubli.

11 Il se rappelle à tout moment tout ce que Dieu commande. Il pense sans cesse : ceux qui méprisent Dieu seront loin de lui pour toujours à cause de leurs péchés, et une grande souffrance les brûlera comme un feu. Au contraire, ceux qui le respectent avec confiance Dieu les prépare à vivre avec lui pour toujours.

12 A tout moment, ce moine évite les péchés et les graves défauts : ceux des pensées, de la langue, des mains, des pieds, de la volonté égoïste. Il évite aussi les mauvais désirs du corps.

13 L’homme doit être tout à fait sûr qu’à chaque instant Dieu le regarde du haut des cieux. Partout, Dieu voit ce que l’homme fait et, sans cesse, les anges lui en rendent compte.

14 Le Prophète nous fait voir cela. Il montre que Dieu est toujours présent à nos pensées et dit : « Dieu regarde au plus profond des reins et des coeurs » (Ps 7, 10).

15 Et encore : « Le Seigneur connaît les pensées des hommes » (Ps 93, 11).

16 Il dit aussi : « De loin, tu connais mes pensées » (Ps 138, 3).
17 Et : « Les pensées de l’homme sont très claires pour toi » (Ps 75, 11).

18 Alors, pour surveiller ses pensées mauvaises, le vrai moine dira toujours dans son coeur : « Je serai sans faute devant Dieu, si je fais attention à ne pas pécher » (Ps 17, 24).

Le premier degré de l’humilité éclaire et donne le sens à toutes les attitudes extérieures de « l’homme humble » développées ensuite par Benoît dans ce chapitre 7.

Le premier degré de l’humilité c’est l’attention à la présence de Dieu. Ici, la crainte du moine, c’est de perdre la présence de Dieu.

Or, dans la Bible, comme dans toute religion, la présence de Dieu, ce peut être la chose la plus belle chose, comme la chose la plus terrible… Tout dépend l’idée et l’image que nous nous faisons de Dieu :

Nous connaissons bien ce verset du Psaume 38,14 : « Détourne de moi tes yeux, et laisse-moi respirer, avant que je m’en aille et ne sois plus ! »

Le Livre de Job est la révolte d’un homme contre la vision d’un Dieu vengeur dont tout le monde lui dit que s’il a perdu sa richesse, sa famille et sa santé, c’est parce qu’il a péché :

« Qu’est-ce que l’homme pour que tu en fasses tant de cas ? Tu fixes sur lui ton attention, tu l’inspectes chaque matin, tu le scrutes à tout instant. Ne peux-tu cesser de me regarder, le temps que j’avale ma salive ? » – (Jb 6, 19)

 « Dieu ne me laisse même pas respirer, Il me rassasie d’amertume. » – (Jb 9, 18)

« Mes jours ne sont pas nombreux. Retire-toi de moi pour que j’éprouve un peu de joie, avant que je m’en aille sans retour au pays des ténèbres et de l’ombre de la mort, pays où le crépuscule est obscurité, ombre de mort et désordre, où la clarté même est obscure. » – (Jb 10, 20)

« Détourne de l’homme ton regard, et laisse-le tranquille. » – (Jb 14,6)
           

La Parole de Dieu contient ces cris de révolte de Job contre Dieu qui sont ceux de l’homme écrasé et brisé par un faux visage de Dieu.

Chaque fois que nous présentons la foi comme une morale qui exclut et qui juge, chaque fois que nous parlons de Dieu comme d’un inquisiteur de nos vies, nous sommes complices des amis de Job et Dieu nous dit que Job, lui, dans sa révolte, a bien parlé de lui et il se fâche contre ses trois amis : « Vous n’avez pas parlé de moi avec justesse comme l’a fait mon serviteur Job. » (Jb 42,7)

Pourquoi ? Le discours de Job frôle le blasphème, comment Dieu peut-il dire qu’il a bien parlé de lui ! La réponse à cette question, c’est Job qui nous l’apporte :

«Autrefois, c’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ont vu. » (Jb 42, 6) 

Parce que Job a découvert que Dieu n’est pas celui que les hommes disent, mais qu’il est tout-autre, il rejette et insulte ce faux Dieu (celui qui fait peur, celui qui est responsable de tous nos malheurs, celui qui nous menace de l’enfer et de la malédiction) et Dieu lui dit : je ne suis pas ce Dieu que les gens croient que je suis.

Si tant d’hommes et de femmes ont peur de vivre en présence de Dieu et le fuient dans le brouhaha et dans le bruit, c’est souvent parce que ce Dieu leur fait peur et leur apparaît comme celui qui empêche d’être heureux… Alors, ils préfèrent fuir Dieu en se fuyant eux-mêmes.

Apprendre à vivre en présence de Dieu, c’est apprendre à le connaître et à découvrir qu’il est très différent de ce que les gens disent de Lui…

La présence de Dieu, sa Parole, nous apprennent à désapprendre le faux visage de Dieu et à le découvrir au plus profond de nous-mêmes ; c’est pour cela que nous sommes souvent éblouis par sa présence et cette expérience est le point de départ de la vie monastique, le 1er degré de l’humilité.