Saint Paul Miki et ses Compagnons
Les martyrs du Japon
Commentaire du P. Léon Froes
Les vingt-six martyrs furent fixés à des croix, et c’était merveille de voir leur courage à tous. Frère Martin chantait des psaumes pour rendre grâces à la bonté de Dieu, en répétant le verset : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ». Frère François, lui aussi, rendait grâces à Dieu d’une voix claire. Frère Gonzalve disait tout haut le Notre Père et le Je vous salue Marie.
Paul Miki, notre Frère, se voyant élevé à la place la plus honorable qu’il eût jamais occupée, proclama ouvertement à l’assistance qu’il était un Japonais de la Compagnie de Jésus, qu’il mourait pour avoir annoncé l’Évangile et rendait grâces à Dieu pour une faveur si précieuse. Il ajouta ensuite ces paroles : « Parvenu à cet instant de mon existence, je pense que personne d’entre vous ne croira que je veuille accommoder la vérité. C’est pourquoi je vous déclare que la seule voie de salut est celle que suivent les chrétiens. Puisque celle-ci m’enseigne de pardonner à mes ennemis et à tous ceux qui m’ont fait du mal, c’est volontiers que je pardonne au roi et à tous ceux qui ont voulu ma mort, et je prie pour qu’ils aient le désir de recevoir le baptême chrétien ». Puis il tourna les yeux vers ses compagnons et se mit à les encourager pour l’ultime combat.
La joie rayonnait sur le visage de tous, mais surtout sur celui du Frère Louis. Comme un chrétien lui criait que bientôt il serait dans le Paradis, ses doigts et tout son corps se mirent à vibrer de joie tandis qu’il regardait toute l’assistance. Antoine, qui se trouvait à côté de lui, avait les yeux fixés au ciel ; il invoquait les noms de Jésus et de Marie et chantait le psaume « Laudate pueri Dominum » qu’il avait appris à Nagasaki au catéchisme consacré aux enfants, où on leur enseignait certains psaumes. Les autres répétaient, le visage serein, les noms de Jésus et de Marie. Certains d’entre eux exhortaient les assistants à mener une vie authentiquement chrétienne. De cette manière et par d’autres actions, ils manifestèrent leur fermeté devant la mort.
À ce moment, quatre bourreaux tirèrent des lances de leurs étuis. À ce spectacle terrifiant, les chrétiens crièrent tous ensemble les noms de Jésus et de Marie et firent monter vers le ciel une immense clameur. Les bourreaux les tuèrent rapidement en les frappant d’un ou deux coups de lance.
Les païens eux-mêmes qui virent ce spectacle furent très impressionnés par la joie de ces serviteurs de Dieu au moment de monter sur la croix, leur courage devant la mort et leur certitude d’une récompense qui dépassait de loin tout ce que l’homme peut concevoir. Bientôt certains d’entre eux vinrent à Nagasaki pour recevoir le bain du baptême qu’ils réclamaient avec insistance.