5 janvier 2025.
Commentaire RB 53, 8-24
8 Après cet accueil, on conduit les hôtes à la prière. Puis le supérieur ou le frère qu’il envoie s’assoit avec eux.
9 On lit la loi de Dieu devant l’hôte, pour lui faire du bien. Ensuite, on lui donne toutes les marques de l’hospitalité.
10 Le supérieur cesse de jeûner à cause de celui qu’il reçoit, sauf si c’est un grand jour de jeûne qu’il faut à tout prix respecter.
11 Quant aux frères, ils continuent à jeûner comme d’habitude.
12 L’abbé verse de l’eau sur les mains des hôtes.
13 Avec toute la communauté, l’abbé lave les pieds de tous les hôtes.
14 Après le lavement des pieds, on dit ce verset : « Dieu, nous avons reçu ta tendresse dans ta sainte maison » (Ps 47,10).
15 On reçoit les pauvres et les étrangers avec le plus grand soin et la plus grande attention. En effet, c’est surtout à travers eux qu’on reçoit le Christ. Les riches, on les craint, alors on les respecte toujours.
16 La cuisine de l’abbé et des hôtes sera à part. En effet, les hôtes arrivent n’importe quand, et, au monastère, il y en a toujours. Ainsi, ils ne dérangeront pas les frères.
17 Dans cette cuisine, on nomme pour l’année deux frères capables de bien faire ce travail.
18 Quand ils ont besoin d’aides, on leur en donne, pour qu’ils servent sans murmurer. Au contraire, quand ils ont moins d’occupations, ils vont travailler là où on leur commande d’aller.
19 On agit de cette façon non seulement avec eux, mais aussi dans tous les services du monastère.
20 Quand les frères ont besoin d’aides, on leur en donne. Quand ils n’ont rien à faire, ils obéissent en faisant ce qu’on leur commande.
21 Quant au logement des hôtes, on en charge un frère qui respecte Dieu avec confiance.
22 Là, il y aura des lits garnis, en quantité suffisante. Et ce sont des gens sages qui gouverneront la maison de Dieu avec sagesse.
23 Aucun frère ne va trouver les hôtes ou parler avec eux, quand il n’en a pas reçu l’ordre.
24 Mais s’il les rencontre ou s’il les voit, il les salue humblement, comme nous l’avons dit, et il demande une bénédiction. Puis il continue son chemin en disant qu’il n’a pas la permission de parler aux hôtes.
Dans un recueil de Maximes spirituelles, on trouve cette phrase d’Evrage » : « L’hôte et le pauvre : collyre de Dieu qui les reçoit, bientôt recouvrera la vue ».
L’hôte et le pauvre, tel un collyre, nous ouvrent les yeux sur la présence de Dieu au milieu de nous…
Cette conviction d’Evrage n’est-elle pas celle de Benoît quand il propose après le lavement des pieds des hôtes de dire le verset : «Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple » ?
Tout se passe en un double regard de foi : le regard de la foi appuyé sur les Écritures qui s’applique à accueillir l’hôte comme le Christ … et, le regard de la foi, qui, après la réception de l’hôte, confesse la présence miséricordieuse de Dieu reconnue dans la rencontre..
Ce double regard de foi peut nous éviter l’écueil d’un certain volontarisme maladroit qui voudrait se forcer à considérer tout hôte comme le Christ.
Non, la reconnaissance du Christ en tout hôte n’est pas affaire de décision. Elle est plutôt le fruit d’une attention humble à toute personne qui passe dans une égale disponibilité à tous. Et elle est toujours le fruit d’une grâce de reconnaissance. Souvent nous ne faisons pas attention, nous rencontrons les hôtes, nous les accueillons et les servons du mieux possible. Parfois nos yeux s’ouvrent de façon émerveillée sur le mystère de la rencontre vécue…. Dieu est là, le Christ est là au milieu de nous…
Il est là en la personne du pauvre surtout. Entre le désir de servir tout hôte comme Christ et la reconnaissance émerveillée de la Présence du Christ au cœur de la rencontre, nous sommes toujours des chercheurs de Dieu. Les moments de grâce où le « collyre » agit vraiment pour nous ouvrir la vue sont là pour nous encourager. Ils nous aident dans la monotonie des jours à demeurer des serviteurs de nos frères et des chercheurs de Dieu, qui est là présent. Toute rencontre porte en elle plus qu’elle-même. Elle nous introduit au mystère plus large de toute vie humaine dans la lumière de Dieu. Rendons grâce à notre Dieu de nous introduire à travers nos relations vers une plus grande connaissance de son mystère.
11 septembre